La pyramide de Monsieur Vert

Parzival‘ est espérantiste. Il expose ses idées et son art interactif en ville jusqu’à fin septembre. Allez le voir et l’écouter, cela vaut le détour.

Déambulant entre la gare et sa galerie éphémère à côté de chez Dolly modes, difficile ces temps de manquer Parzival’ en ville: habillé en vert, de pied en cap, son sourire et son air curieux interpellent. 1000METRES.CH est allé lui rendre visite rue de la Balance 12.

C’est un soldat de la paix autoproclamé comme on les aime: nullement agressif, cohérent dans sa démarche, il lutte avec ferveur pour le désarmement. Sa contribution concrète: il emballe toute arme qu’on lui remet dans un un épais carton, l’entoure de papier kraft et décore le carton hermétiquement fermé du résumé d’un cours d’espéranto.

 

Ecologiste de la première heure, il refuse depuis des décennies de monter dans tout véhicule qui «fonctionne à la benzine», souligne-t-il. Cela lui a valu d’ailleurs d’être viré de la milice dans les années septante pour refus de servir. Il avait demandé au caporal si ce dernier avait une autorisation de l’Organisme mondial du climat pour le faire entrer lui, un soldat en uniforme de l’armée suisse, dans pareil engin dégageant des gaz mortels!

Plus tard, comme il avait donné quelques coups de pied à des voitures du corps diplomatique dans les rues de Berne, on l’a bouclé à l’asile de la Waldau, jusqu’à ce qu’un psychiatre avisé déclare qu’il fallait trouver une occupation à ce malade qui n’en était pas un.

Parzival’ ne faisant en effet de mal à personne, il s’est alors mis en tête d’être utile en véhiculant les Biennois dans un taxi à bras qui l’a rendu célèbre dans toute cette ville bilingue. Il a transporté ainsi des milliers de gens dans son véhicule non-polluant.

L’Ambassade du Soleil à Sonceboz

L’homme a des idées plein le crâne: avis à la population, il cherche par exemple une vingtaine de ministres pour le Gouvernement mondial, gouvernement qu’il représente joyeusement depuis l’Ambassade du Soleil à la rue de la Gare 23j de Sonceboz, où il réside et expose.

Un illuminé dites-vous? Pas tellement que ça, plutôt un homme très cohérent qui a bien réfléchi sur la manière de faire passer son message de paix. Son choix: l’espéranto, «langue en devenir» explique-t-il,  dont il est adepte depuis longtemps. Il a participé à la mise en place de la maison qui héberge dans le quartier de la Recorne, rue des Postiers 27, le Centre culturel espérantiste mondialement connu.

Parzival’ est fermement persuadé que l’espéranto va permettre de promouvoir la paix. Il a aménagé dans la galerie qui abritait auparavant une brocante, une table ronde avec des chaises pour accueillir les autorités – Conseil communal ou Conseil fédéral, il n’est pas regardant – afin que ces messieurs-dames prient pour la paix de manière œcuménique, en plusieurs langues dont bien sûr l’espéranto.

Les édiles de la Ville pourraient profiter de la campagne en cours en vue de la votation sur la reconnaissance d’utilité publique des communautés religieuses pour aller y faire un tour, suggère malicieusement Parzival’.

Monographie monumentale

J’ai parlé deux heures avec lui, une anecdote chassant l’autre jusqu’à ce qu’il sorte un épais ouvrage: une monographie sur l’ensemble de sa production. Ce gros livre de 466 pages en 9 langues est paru en 2017 aux éditions Haus am Gern. Vous pouvez aussi consulter son site monsieurlevert.ch où vous verrez des extraits des nombreuses expositions qu’il a mises sur pied.

Parzival’ est un artiste reconnu de Berlin à Zurich en passant par Bâle et Munich. En 2019, il a donné pendant des mois un cour d’espéranto dans la gigantesque sculpture de Thomas Hirschhorn dédiée à Robert Walser, sur la Place de la Gare de Bienne.

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Expo ouverte chaque jour en fonction des visiteurs et de l’actualité. Laissez un billet sur la porte pour signaler quand vous pensez passer le voir. Il sera là à l’heure ou presque, en fonction de l’horaires du train arrivant de Sonceboz.
Ce «soldat modèle du désarmement global» (ce sont ses mots), lira et viendra vous ouvrir la porte.

Et si vous maîtrisez l’espéranto, il sera heureux!