ZORA SNAKE
«C’est l’histoire d’un jeune qui ne veut pas laisser son espoir se noyer dans la mer.»
Zora Snake a 26 ans.
Il vient du Cameroun.
Il vit au Cameroun.
L’homme est intense. Le regard est puissant. La voix est douce mais grave, bienveillante mais profonde … Zora Snake parle de sa vie avec son corps… du corps ; au centre de la vie … le corps comme témoin silencieux de la folie du monde qui l’entoure … le corps comme vecteur de transmission de cette «nécessité urgente de dire les choses» comme dit Zora quelques heures avant sa performance … L’urgence de dénoncer les injustices subies par les Africains … chez eux … et chez nous … L’urgence de dire, de montrer cette «bestialité qui ronge l’être» … transmettre un message … heurter les consciences … troubler les esprits … ouvrir les yeux … briser les frontières, résister, lutter … avec le cœur … avec le corps … car le monde est possible si on réfléchit un peu …
Zora crée depuis l’endroit où il parle et parle de l’endroit où il crée …
Avec sa «vision périphérique mais large» …
Avec sa conscience lucide des choses, avec son humanité profonde…
«Je considère l’Autre» dit-il… car «l’être humain est le plus important de la terre»…
Zora Snake a 26 ans.
Il vient du Cameroun.
Il vit au Cameroun.
Dans la foule compacte attendant le spectacle, une énergie particulière ondule invisiblement entre les corps rassemblés … comme si on avait une prémonition consciente que notre vie ne serait plus la même après ce spectacle que avant ce spectacle … Un matelas … du fil barbelé … une corde … Un jeune homme arriv e… il a 26 ans … il est camerounais … un physique intense, puissant … on ressent sa force … on admire sa détermination … il enduit sa peau de terre concassée … quelques cris … puissants ; intenses eux aussi … ses mouvements sont souples et saccadés, imperceptibles et rapides, doux et violents … il souffre, il lutte, il danse, il résiste, il bouge, il crie … on le suit … on est choqués, envoûtés, enivrés … des t-shirts flottent sur l’écume onduleuse d’une eau ensanglantée … des barrières … soudain, une bande-son s’enclenche … l’horreur cynique des propos des leaders de ce monde se fait entendre dans cette «synthèse du débat politique actuel»… cette synthèse de la réalité … celle qui nous entoure … celle que nous nions … enfermés dans notre tour d’ivoire occidentale … aveugles de la condition réelle endurée par certains corps dans le monde … des corps qui luttent, qui résistent, qui brisent les frontières, qui défoncent les barrières …
Du corps de Zora jaillit
l’énergie vivante
qui anime l’espoir …
Les mots ne servent pas à grand chose … on a pleuré … beaucoup … c’était la puissance absolue, la poésie pure, l’intensité totale … c’était pertinent, physique, envoûtant … magique … terrifiant … jamais auparavant un propos, un discours, un mouvement ne m’avait pareillement secoué, bousculé, ému … comme un rite de passage … merci Zora Snake, merci La Plage de redonner confiance en l’humanité … son bon côté … le monde est peut-être possible si on réfléchit un peu …
Zora Snake a 26 ans.
Il vient du Cameroun.
Il vit au Cameroun.
«C’est l’histoire d’un jeune qui ne veut pas laisser son espoir se noyer dans la mer.»
10 août 2018