Un truc mariol: créer mon dossier santé

Sortant d’un contrôle à l’hôpital, un tract attire l’attention: Un dossier électronique pour la vie. Allons voir comment ça se goupille. Expérience vécue devant l’écran.

Armez-vous de patience, l’affaire est passionnante quoique ardue: j’ai découvert en plusieurs clics comment mettre ma vie médicale en boîte, dans un nuage helvétique. En route vers Mon Dossier Santé.

Pour être sûr d’arriver à bon port, j’ai d’abord téléphoné au 032/889.52.61. Bien m’en a pris. La préposée au biniou, soit Madame la Chargée de mission Communication de la Cellule Cybersanté, est sympathique: elle répond avec diligence à mes nombreuses questions, sans affirmer que je dois illico ouvrir mon dossier.

Bon accueil vocal

Débonnaire, elle s’enquière des essais que j’ai effectués, du pourquoi de ma démarche. Et elle admet, lorsque je lui signale que j’ai une croyance limitée en les bienfaits des nuages virtuels, que ce n’est certes pas parfait au premier abord, mais vu que la numérisation est de plus en plus présente dans le monde médical, m’enfin comme disait Gaston Lagaffe, on va devoir y passer un jour au dossier électronique. Le quel a, en cas d’urgence, des avantages indéniables.
J’y reviendrai.

Téléphone rassurant

Au début de la conversation, je fait part de mes doutes sur la rapidité de la mise en place de ce dossier électronique. En effet, j’ai des dossiers dans deux hôpitaux, dont un fort épais. au CHUV suite à une greffe bi-pulmonaire en 2020. Soit quatre classeurs fédéraux de diagnostics, examens et rapports, sans parler des radiographies et des IRM.

Ajouter des compléments

Très pro, Madame Communication ne se démonte pas, elle spécifie que ça va durer quelques jours voire deux à trois semaines jusqu’à ce que le dossier venant de RHNe ou du CHUV soit entièrement mis à jour. Elle souligne que je peux en tout temps rajouter au dossier des éléments manquants.

Une aide bienvenue sur place

Fine mouche, elle me signale en passant qu’il est possible de se faire aider pour créer ce fichier ou scanner et déposer des documents dans son Dossier Santé afin de ne pas omettre certaines subtilités de l’identification.
Histoire d’avancer sans avoir l’impression de faire du sur place.

Le stand d’information RHNe à La Chaux-de-Fonds

J’y crois à moitié, note sur un coin de feuille que le mercredi suivant, il y a un stand ouvert dès 14h30 à l’hôpital de La Tchaux, dans le hall d’entrée.

Car je veux d’abord essayer tout seul comme un grand, on a sa petite fierté numérique, même à 68 ans.

Exister en virtuel hors Google

Avant tout, j’ai commencé par créer une identité virtuelle sécurisée pour authentifier mon existence numérique. En clair, il s’agit de vous inscrire sur SwissID, en frangliche un Trust Service Provider, un instrument informatique géré par La Poste Suisse.
Ce programme existe depuis une vingtaine d’années. Lorsque Swiss Pass (identifiant lancé par les CFF) a cessé de l’imposer, La Poste CH a repris le business.
Au départ, le concept prétendait devenir la carte d’identité numérique des Helvètes. Aujourd’hui, des cantons, des banques, des journaux acceptent cette identité. Selon la Poste, 3,4 millions d’habitants du pays utilisent cette solution d’ccès.
Malgré son universalité pas encore achevée, ce système permet d’accéder gratis à votre compte Santé.

Bougez votre carte d’identité

Va ainsi pour SwissID, officiellement reconnu dans le canton. S’y inscrire n’est pas de la tarte … Voyez plutôt: vous devez télécharger une app qui sert à vous identifier en ligne pour ouvrir un Dossier Santé  ou signer des documents de façon juridiquement établie. À noter: en Suisse seulement, SwissID n’est pas valable ailleurs pour l’instant.

Manipulation carte d’identité

Top chrono, départ: 13h30 – je me disais qu’en 60 minutes j’allais avoir de quoi m’inscrire. Après avoir visionné un tutoriel vidéo, l’application me demande, en ouverture, de brandir ma carte d’identité et de la photographier recto-verso.

Preuve d’existence périmée

Fastoche, je me sens très fort.

Fausse alerte: pour être sûr qu’il ne s’agit pas d’une copie, un bout de carton bien dessiné à l’intelligence graphique, SwissID veut que vous bougiez en direct la carte d’identité, en filmant vos mouvements: tourner vers le haut, puis contre le bas, faire basculer légèrement cette preuve de gauche à droite. Et recommencer avec le verso.

Bon, je me dis que le téléphone portable sait prendre des images qui bougent.
Fatale erreur: ce n’est pas assez net, j’ai bougé trop près de la mini-caméra à la première prise, trop vite à la seconde. Ouf, la troisième fois la machine accepte mes images. J’envisage d’aller fêter cette nouvelle identité en me m’octroyant un petit café. Raté.
Il va refroidir.

Contrôle manuel

En effet, ce n’était que partie remise: après une demi-minute, un courriel m’avertit que non, c’est pas vraiment certain que ce soit bien moi. Donc il va y avoir un «contrôle manuel».
J’imagine déjà une attente de trois jours jusqu’à qu’un préposé au contrôle manuel vienne sonner tôt le matin chez moi pour mesurer si je fais bien 170 cm.

Avec ou sans guichet unique?

Non, ouf, la machine a dû alerter un être humain, lequel a visionné ma production cinématographique. Et là, feu vert, je peux inaugurer SwissID. Je me précipite sur le code QR de Mon Dossier santé, je commence à m’inscrire et, paf à la deuxième étape, je stoppe net devant une question inattendue (je suis vite alarmé par l’inattendu à l’écran): avec guichet unique ou sans guichet unique?

Perplexité et sagacité, à ce stade, je vais demander de l’aide au stand à l’hôpital pour remplir

Il est 14h50.

Création du dossier

Je pénètre à 15h10 au hall de l’hôpital.

Au stand annoncé, je retrouve ma correspondante téléphonique, cela me réjouit: je ne vais pas devoir recommencer à tout expliquer.

Mieux, je peux mettre un visage sur cette voix m’ayant persuadé de passer au stand d’info.

Ma propension à questionner

Au bout d’une demi-heure de démarches, j’informe la chargée de mission que je suis journaliste, elle sourit: «Ah, je comprends mieux votre questionnement précis et incessant».

Par la suite, je pourrais mettre un nom sur ce visage qui m’est devenu sympathique: biologiste de formation, Lucie Bidlingmeyer (c’est plus vite copié d’un courriel que prononcé 😉) travaille depuis trois ans à promouvoir le Dossier Santé du canton de Neuchâtel.
Elle agit avec compétence et amabilité, ils doivent avoir un poste «pilules calmantes» au budget dans ce service.

Démarrage en côte réussi

Une fois éliminé le doute du guichet unique, il faut remplir un formulaire pour l’outil informatique sache précisément qui veut ouvrir un dossier. On peut saisir les infos soit directement à l’écran ou remplir à la main. Dans ce cas, il sera alors scanné sur place au stand.

Et cela fonctionne!
Je signe électroniquement l’ouverture du dossier, confirmation illico: «Vous pouvez accéder à votre dossier», m’indique ma précieuse alliée.

Qui évite de perdre de la paperasse

Triple sécurité

On vérifie sérieusement l’authenticité de votre existence: au cours du processus de création du dossier, il faut recommencer par trois fois à donner mon identité à SwissID via le téléphone portable. En clair: à chaque étape, le logiciel vérifie qu’il s’agit de vous et pas d’un·e autre.
Autant pour ceux qui estiment que cette technologie n’est pas assez sûre. «Bien entendu», ajoute l’experte, «le risque zéro n’existe pas, de notre côté, on utilise les dernières technologies en matière de sécurité». Dont acte.

Nourrir le dossier au mieux

Depuis mondossiersante.ch, on peut faire charger son historique médical de différents hôpitaux. Elle m’a donc aidé à remplir un autre formulaire pour le CHUV.

«Et le pneumologue qui me suit ici, je lui demande quoi, peut-il déposer mon dossier médical dans ce fichier?»
«Ah, ça dépendra du médecin. Aujourd’hui, que 25% des médecins du canton se sont affiliés à Mon Dossier Santé, mais ils n’ont pas le temps de l’utiliser. Nous travaillons à ce que les logiciels de consultation puissent intégrer directement Mon Dossier Santé et ainsi permettre aux médecins d’y accéder rapidement», répond-t-elle.

En effet, les médecins installé en cabinet privé ne sont actuellement pas tenus d’être affiliés à ce système.

Évolution d’ici trois ans

«Cela changera en 2028, tous les prestataires de soins devront s’y mettre, car la loi sur le dossier électronique du patient est actuellement en révision à Berne; du point de vue du patient, il est prévu de mettre en place un système dit opt-out où l’on suppose que la personne est d’accord tant qu’elle n’a pas dit non.
Toutes les décisions concernant la modification de la loi sur le Dossier Électronique du Patient sur l’obligation d’ouvrir un dossier santé devraient tomber cette année ou en 2025 encore», signale Mme Lucie Bidlingmeyer.

Des plus qui comptent

Certificats à rajouter

Pour enrichir mon dossier des documents encore sur papier en ma possession , je demande s’il est possible d’y placer mes carnets de vaccinations. En effet, les vaccins ne sont pas automatiquement transmis au dossier. Ils ne figurent pas non plus dans mes dossiers médicaux hospitaliers, car ils ont été fait à divers endroits: pharmacie, médecin traitant, centres Covid.

Heureusement, mon interlocutrice propose de m’aider à les déposer ensemble. Miracle de la technique moderne, mes certificats une fois scannés, elle les ajoute à mon dossier fraîchement ouvert.

«Un module Vaccination viendra compléter d’ici quelques mois votre Dossier Santé, cela permettra d’enregistrer des données structurées», précise-t-elle. Ainsi, patience, dans quelque temps, mon dossier sera complété plus aisément. Au prochain vaccin anti-grippe par exemple.

En attendant, mes vaccins sont enregistrés en PDF, c’est déjà ça de gagné.

Le bon truc: passez au stand RHNe

Vous avez lu en 10 ou 15 minutes ma description, suivant votre niveau d’attention.
À moins que votre dextérité informatique ne se soit améliorée d’un coup à la lecture, mon conseil: passez au stand à l’hôpital, muni de votre carte d’identité et de votre carte d’assurance-maladie (ils veulent votre n° AVS qui y figure), cela en vaut la peine.

Hôpital de la Chaux-de-Fonds

Lundi        08:30 – 12:30 / 13:00 – 17:00
Mercredi                        / 14:30 – 18:30
Jeudi        08:30 – 12:30 / 13:00 – 17:00
Vendredi 08:30 – 12:30

Permanence Volta

Mardi      08:30 à 12:30

Communiquer avec les toubibs

Ainsi maintenant, je suis en mesure de me préparer en consultant mon Dossier Santé afin de faire comprendre aux toubibs que je consulte, grâce à ce dossier, certaines évidences médicales qu’ielles n’ont peut-être pas eu le temps de remarquer.

Et ça, ça vaut de l’or!