Foyer Handicap: un renouveau bienvenu

L’arrivée de Denis De La Reussille à la tête de la Fondation qui gouverne les deux foyers cantonaux a eu un effet positif immédiat. Interview du nouveau président et analyse des efforts en cours.

Une page s’est tournée avec le départ abrupt le 2 juillet 2024 du directeur Fabrizio Cilli. Auparavant, une autre partance avant marqué l’institution Foyer Handicap: après plus de 15 ans aux manettes, Émile Saison, président de la Fondation qui chapeaute les foyers de La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, s’en est allé ce printemps pour raisons de santé.

Sans entrer dans les détails de cette double séparation, notez qu’il n’a fallu que trois mois en intérim à Denis de la Reussille, pour donner un bon coup de balai. 1000METRES.CH lui a demandé comment se dessine l’avenir pour le foyer chauxois de la rue des Moulins.

Nom à rallonge et boucle d’oreille, le nouveau président s’est prêté au jeu de l’interview en juillet, peu après l’éviction de Fabrizio Cilli.

Turbulences en début d’année

Vous avez pris officiellement votre fonction le 18 juin 2024, Pourquoi avez-vous accepté de présider la Fondation Foyer Handicap?

Denis de la Reussille: Je ne me suis pas profilé, en toute transparence, j’ai été approché pour occuper le poste. Après quelques jours de réflexions, j’ai considéré pouvoir me consacrer à ce travail. En effet, cette tâche correspond à mes valeurs, mes choix de vie. J’ai souvent côtoyé des gens avec limitation, je me suis occupé des aspects sociaux du handicap avant de me retrouver à la tête de cette institution cantonale.

J’ai actuellement du temps pour reprendre les rênes la Fondation. Et sans prétention, je pense avoir accumulé par le passé quelques compétences utiles pour entamer une nouvelle étape à Foyer Handicap.

Que s’est-il passé durant votre période d’intérim depuis la démission du président Émile Saison? On murmure qu’entre la direction et les employé·es l’ambiance n’était pas au beau fixe. De nombreux départs et licenciements ont marqué l’année 2023; le syndicat SSP constatait un taux de rotation record avoisinant les 50%.
Quelles mesures avez-vous prises?

Effectivement, ces derniers mois, nous avons eu plusieurs retours concernant une fragilisation des collaborateurs. Des mandats externes ont été commandés par la Fondation pour «photographier» en quelque sorte la situation sur les deux sites.
Les audits ont confirmé ce sentiment.

Pour en savoir plus, des «bulles d’écoute» individuelles ont été mises en place afin d’approfondir notre compréhension du phénomène. Des indications fournies par les organisations syndicales ont aussi renforcé le constat: il y avait bel et bien une précarisation au niveau des équipes tant soignantes qu’administratives et logistiques.
En 2023, les rotations au niveau du personnel ont inquiété la Fondation en sa qualité d’employeur.

Faire évoluer

Après cette période de turbulences, quelles seront vos tâches prioritaires?

Le travail principal du Conseil de Fondation sera de recréer une situation de confiance avec l’appui des cadres et des responsables de l’institution. Bien entendu, cela passe par la recherche rapide d’un·e directeur·directrice.
Durant quelques mois, une phase intermédiaire sera dédiée à la sélection de cette nouvelle personne. Durant cette transition, nous mobiliserons les cadres ainsi que le bureau de la Fondation pour assurer le suivi des affaires courantes .
L’accent que nous souhaitons insuffler en premier lieu consiste à se mettre à l’écoute des collaborateurs et collaboratrices ainsi que des résident·es. Ce point est primordial.

D’une part, il s’agit de respecter le cadre légal et budgétaire, afin de pouvoir continuer les activités habituelles dans de bonnes conditions. D’autre part, en tenant compte des contraintes hiérarchiques, nous devrons considérer les propositions de toutes les parties prenantes, tant internes qu’externes.

Nombreux chantiers ouverts

De nouveaux statuts régissant le fonctionnement de la Fondation Foyer Handicap ont été adoptés à la mi-juin par votre Conseil. Désormais les membres du Conseil de fondation sont nommés par cooptation et non plus désignés par des organisations telles que Procap ou Cérébral. Quelles réflexions ont poussé le conseil à renoncer à avoir des représentants permanents de sept associations?

En fait, nous avons remarqué que la complexité des organes de la Fondation (ndlr: par exemple un Conseil de fondation surabondant avec 17 membres réduit à 7) rendait la prise de décisions compliquée tout en ralentissant parfois les processus. L’accélération des exigences de contrôle et la complexification des tâches confiées au Conseil paralysait le fonctionnement. Songez simplement aux problèmes de logistique et de disponibilité pour convoquer un Conseil aussi fourni.

Il ne s’agit aucunement de volonté d’exclusion de telle ou telle association, mais bien d’améliorer la rapidité décisionnelle.
Soulignons que le Conseil est entièrement bénévole et que ses membres n’ont aucun intérêt personnel à défendre dans le cadre de Foyer Handicap.

En tant que nouveau président, quel message entendez-vous apporter, aux résident·es ainsi qu’aux employé·es après cette période mouvementée et le changement à la direction?

Pour la Fondation Foyer Handicap, son Conseil et son bureau, un seul but: reconquérir la sérénité, malheureusement un peu égarée ces dernières années, pour toutes les personnes concernées. Il faut que cette institution si utile regagne sa stabilité, une stabilité dont on sait l’importance pour les résident·es en situation de handicap.

La qualité de l’accueil est essentielle à mes yeux tout comme aux yeux des membres du Conseil de fondation.

Merci à Denis de la Reussille pour cet entretien marqué par l’optimisme et porteur d’espoir. Les échos que nous avons eu durant le mois de juillet sont positifs et laissent augurer d’un renouveau souhaitable et bienvenu.

Pourvu que tout aille pour le mieux désormais à Foyer Handicap!

Photos: © Nadia Vuilleumier

Déclaration d’intérêt: 1000METRES.CH avait promis en décembre 2023 de revenir sur la situation du foyer de la rue des Moulins. Le journaliste, président de Procap Suisse, ne tient guère à passer en revue ici les agissements de l’ex-directeur Cilli, personnage peu recommandable.
Inutile de remâcher de vieux griefs.