Un joyau bien planqué, la Ferme des Arêtes
Depuis avril 2018, Pascal Borel accueille ses hôtes dans cette ferme à l’histoire mouvementée. Rénové, le lieu propose une grande salle superbe. Visite de l’endroit avec son concepteur.
Cachée derrière un bosquet, la Ferme des Arêtes a une histoire étonnante: tour à tour exploitation paysanne, petit locatif, refuge pour chats errants, squat, la ferme a même été utilisée comme terrain d’entraînement au tir la police locale et cantonale. À cet effet, les pandores ont construit de fausses cabanes pour s’exercer aux poursuites dans nos rues perpendiculaires ainsi qu’un cabaret fictif fort sombre, histoire de maîtriser le tir en milieu mal éclairé.
Tout cela n’a guère amélioré l’état de la bâtisse délabré, abandonnée depuis les années 80 dont le toit fuyait.
Terrain fort convoité
Construit vraisemblablement début 1900, le rural a brûlé le 23 octobre 1923. Les archives de la Ville étant lacunaires 😊, on ne sait rien de concret sur son origine. Après la Seconde Guerre mondiale, la famille Kohler a occupé cette ferme 40 ans durant, avant de devoir la quitter suite à l’achat du bâtiment «par une une société étrangère au canton à des fins de construction» en avril 1965, relate L’Impartial.
En 1989, le quotidien évoque la construction d’un hôtel 4 étoiles qui ne verra jamais le jour. Rebondissement, le journal note: «En novembre 1990, le Conseil communal votait la création d’une zone touristique aux Arêtes. La ferme désaffectée était cédée à la société Pickalbatross alors administrée par Kamel Abou-Aly». Cinq ans plus tard, rien n’avait été fait et la société avait fait faillite. Pour les abonné·es d’ArcInfo et les fans de la bibliothèque, lisez un article bien documenté de Claire-Lise Droz du 12 mai 2016.
Après la vente par la Ville, le rapport de gestion 2016 de la commune relève (page 133) qu’il «n’y a plus d’abri à disposition pour nos deux traceuses de ski de fond suite à l’achat de la ferme des Arêtes au nord de la piscine. Une solution pérenne doit être trouvée».
Ferme des sorcières!
À l’image de n’importe quel bâtiment abandonné, cette ferme a suscité quelques rumeurs; elle a reçu le sobriquet de Ferme des sorcières, bien que personne n’ait jamais vu le moindre balai voler au-dessus des tours du quartier. Les peurs ancestrales ont la vie dure.
Nous voici en 2024. Si des fées se sont penchées sur le projet idéaliste du départ, elles sont vite disparues devant la réalité des chiffres. Le centre d’accueil pour les jeunes et les sportifs a mué et fait place à des chambres d’hôtes et un espace destiné à des manifestations éphémères.
Un bouquet d’atouts
Avec une piste de ski de fond à proximité, une piscine couverte, un terrain de sport, il y a là de quoi satisfaire familles et groupes de copains, ou un club sportif désirant être proche de la nature pour un camp d’entraînement.
Pascal Borel a mis sur pied en indépendant un type d’accueil mixte, alliant évènements festifs ou commerciaux et tourisme de proximité. Ainsi, il a récemment compté parmi ses hôtes, un prestigieux jongleur, Wes Peden venu tout droit des USA et invité par Circo Bello pour ravir les spectateurs sous le chapiteau de Beau Site.
Magnifique grange aménagée
En arrivant par la piscine des Arêtes, on distingue à l’arrière du bâtiment une vaste porte et un pont de grange. C’est là que niche la grande salle polyvalente, super équipée – Pascal est féru de multimédias et ça se sent tant au niveau de la technologie disponible que des supports virtuels. On peut y manger, y danser, monter des spectacles. Après un premier essai prometteur, le propriétaire envisage des mini-concerts, un mini-comptoir réunissant des artisans régionaux ou des producteurs locaux pour une quatrième édition dès le 31 octobre 2024.
Mariages, séminaires, cérémonies de naissance ou d’adieux, concerts ou conférences, les lieux se prêtent à toutes sortes d’usages. À des tarifs raisonnables pour la qualité des services proposées et des prestations annexes disponibles: «Je tiens à rester abordable», affirme l’âme du lieu.
Vous désirez manger ou offrir un apéro sur place? Un traiteur connaît l’endroit; il peut vous tirer d’affaire sans devoir faire la vaisselle. Bien entendu, vous pouvez aussi vous débrouiller avec le restaurant de votre choix ou votre boulangerie préférée.
Pas de rave-party hurlante
Bon, ce n’est pas l’endroit où vous ferez la noce pendant 48 heures non-stop, on est en ville et Pascal Borel fait signer un contrat aux fêtards qui réservent la salle: le bruit doit cesser totalement à deux heures du matin. Et gare au dépassement intempestif: Borel est du genre intransigeant, ce qui est convenu doit être tenu.
Hébergement avec cuisine
Comme il y a quatre chambres et trois dortoirs pouvant accueillir 24 dormeur et dormeuses, les parents ou amis éloignés invités à un mariage peuvent tranquillement passer une ou plusieurs nuits sur place.
Les familles peuvent en outre cuisiner leur frichti s’ils ne désirent pas descendre en ville manger au restaurant. Ambiance vacances garantie, Le petit déjeuner dehors par beau temps garantit un dépaysement inattendu à quelques mètres d’un arrêt de bus (n° 301 direction Arêtes).
En voiture, parquer vers la piscine, faire quelques dizaines de mètres à pied sur un sentier et on y est, sans grimpette ni détours compliqués.
Clientèle diversifié et … difficile
Vu que la salle est multitâche comme son concepteur, les clients sont des exigences variées: certains veulent être sûr que les installations technique sont à la hauteur (le micro, il marche?), d’autres s’inquiètent de l’accès aux WC pour les personnes à mobilité réduite (ces toilettes existent, j’ai vérifié), d’aucuns craignent d’avoir froid. «C’est plutôt le contraire qui arrive: s’il y a beaucoup de monde, on a bon chaud», précise Pascal Borel.
Pourtant, malgré ces remarques, toutes celle et ceux qui ont passé là sont enchantés et s’extasient sur les belles proportions de la salle.
L’investissement total dépasse le million de francs: «On a fini par trouver une banque de nous accorder successivement deux hypothèques», dévoile Borel. Il ajoute avec un sourire en coin: «Des établissements ayant refusé de prêter sont maintenant tout content de venir ici régaler leur clientèle».
Lente gestation et travaux ardus
Borel ne cache pas les difficultés rencontrées lors de la rénovation complète: une citerne a dû être démolie, il y avait des infiltrations dans les soubassements de l’immeuble. «On a cherché à récupérer un maximum d’éléments, les poutres de la salle par exemple, poncées, traitées à la main durant les travaux».
La bâtisse une fois mise au sec – il fallu refaire la toiture – et le pont de grange intérieur enlevé, une dalle a été coulée pour la grande salle. «Bon, ça a pris du retard parce un architecte mandaté n’avait pas tenu compte de l’isolation que j’avais rajouté, la dalle avait 30 cm de trop. Mais on s’en est tiré, rien n’avait encore été posé», soupire le propriétaire au souvenir de cette déconvenue.
Pascal Borel commence à (entre)voir la fin des travaux. Il faudra encore assainir et rénover les fenêtres sur le côté EST et aménager les alentours (on a mis un gros coup de fouet ces derniers temps 😊).
Une foule de projets sympas
«On pourra organiser des pique-niques dehors, il y a une place proche prévue à cet effet. Et la terrasse devant sera plus accueillante dès que la végétation aura poussé». Intarissable, ce serial-entrepreneur qu’est Borel pense loin, il sait se projeter sur des années.
En attendant, les bureaux de son entreprise multimédias Impact-Borel sont installés dans la ferme et il compte bien développer ses activités sportives: féru de gymnastique aux agrès, moniteur de sport et remplaçant de plusieurs profs de gym pendant de nombreuse années, ce dynamique gaillard n’a pas dit son dernier mot.
Allez faire un tour sur les hauts de la ville, l’endroit vaut le détour. Un bel écrin pour attirer les touristes loin à la ronde!
Croix-Fédérale 33
Tél +41 (0)32 969 11 11