Le Muzoo sous le signe de Barruel: somptueux!

La richesse des illustrations de cette expo émerveillera petites et grandes, ados et adultes. Bon à savoir: le fond Barruel a été amassé par Marcel S. Jacquat, ex-conservateur. Top👌!

Coup de maître de l’équipe du Muzoo, marier l’ancien et le nouveau, tisser sous le signe des plumes et des poils un lien entre des aquarelles de Paul Barruel tirées des collections et les idées foisonnantes d’élèves du CPNE.
Le résultat est bluffant. Ainsi plus de 40 aquarelles de toute beauté sont présentées parallèlement aux travaux estudiantins, réunissant vêtements, parures et bijoux. Allez donc zyeuter sans hésiter Plumes, Poils, Paul.

S’arrêter aux détails

Il s’agit de prendre le temps d’admirer le rapprochement inspirant entre les œuvres en deux et trois dimensions. Voilà une célébration réussie de la nature sur des voies parallèles. L’imagination branchée fécondée par une collection du siècle passé, dessinée par l’ingénieur ferroviaire de la RATP qu’était au départ Paul Barruel (1901-1982).

Modernité au vernissage

Un chouette défilé de mode suivi par une foule bigarrée qui occupait les derniers recoins du Muzoo a ponctué le vernissage en décembre. Une majorité des présent∙es étudiaient à l’école de couture, appelée aujourd’hui «filière N’Mod du pôle Arts appliqués du CPNE» (ainsi ça ne sent plus trop les aiguilles et les ciseaux).
L’audace de certains vêtements a suscité l’étonnement et l’admiration. Les applaudissements nourris à la clôture du show montrent combien il a été apprécié.
Les illustrations de cet article donnent un aperçu des créations que les visiteurs et visiteuses retrouvent dans les vitrines.

Barruel, un ingénieur talentueux

La brève présentation de cette expo magnifique dédiée à Paul Barruel sur le site du Muzoo a un aspect inattendu: les concepteurs cernent les particularités de ce déploiement d’images en expliquant ce que cette exposition n’est pas:

• Une rétrospective Paul Barruel.

• Une compte-rendu relatif aux poils et aux plumes.

• Une marche à suivre pour le nettoyage des salopettes.

Un humour de bon aloi. Qui cache une réalisation née de la rencontre entre un lieu de formation et des aquarelles d’une précision millimétrique de style un brin suranné ayant gardé toute sa valeur documentaire.
Un biologiste notait qu’à partir des peintures hyperréalistes de Barruel, il pouvait déterminer sans peine l’espèce des lichens qu’a observés et restitués Barruel en deux dimensions.

Hasard unique bien exploité

Une bonne partie du fonds provient des archives de ce qui s’appelait alors le Musée d’histoire naturelle. Le trésor a été amassé étapes par étape. D’où proviennent donc ces croquis et gouaches? 1000METRES.CH a rendu visite à l’homme dont la ténacité n’a d’égale que la faconde, le plus efficace protecteur des martinets au Nord des Alpes, l’indispensable Marcel Jacquat.

Vista de l’ami des martinets

Un travail opiniâtre de Marcel Jacquat est à l’origine de ce fonds. Comment était-il entré en contact avec cet artiste parisien?

Installé dans son sofa chez lui, l’ancien directeur des institutions zoologiques chauxoises (1989-2007) se souvient: «Je n’ai jamais connu Barruel, mais j’ai lu un jour un entrefilet signalant que les éditions Silva cherchaient à vendre leur affaire. Ni une ni deux, j’ai appelé les bureaux de Zurich. Dans mon meilleur suisse-allemand, j’ai négocié l’achat des originaux de trois volumes de ces fameux albums ornés d’images à coller. Sans grande difficulté, à un prix quatre fois moins que celui payé à l’auteur»
Il règle alors au plus vite le dû à l’éditeur en train de fermer son entreprise, histoire de ne pas rater l’occase.

Coup de bluff payant

«Peu après, coup de fil de Silva, il y avait encore d’autres originaux à saisir. Sans hésiter, je suis allé les chercher à Zurich. Mais je n’avais pas eu le temps de demander au comité du Musée son aval pour l’acquisition du tout. Le soir même, le comité du Musée se réunissait. J’ai déposé la pile des Barruel fraichement acquis – plus de 300 pages – négligemment au bout de la table. Quelqu’un s’est enquis de leur provenance. J’ai annoncé qu’on pourrait peut-être envisager de les acheter pour le fonds du musée, mais que c’était délicat, certes de belles aquarelles, mais tellement chères.
Mais, si le comité n’en voulait pas, je les acquerrais à mon compte puis les revendrais pour partir faire de grandes vacances autour du monde.»

Après un instant de stupeur, le comité a suivi son directeur gonflé et l’affaire était pliée. Comme quoi un peu d’esbrouffe …

Dons et achats étoffent la collection

Après ce premier grand pas, de plus petits ont suivi: le conservateur chauxois a noué des contacts avec un vaste réseau de connaissances de Barruel.
Cela lui a permis de dénicher d’autres aquarelles qui, de fil en aiguille, par des dons ou des ventes sont venus enrichir la collection mise en place par le directeur des institutions zoologiques de la commune.
Retour sur la collaboration entre Paul Barruel et Silva.

Images gravés dans les souvenirs

À l’époque des grands magazines en couleur tels Time ou Paris Match, prospérait en douce le marketing des marques, fait de vignettes à coller dans des ouvrages dépourvu d’illustrations. Des précurseurs des albums Panini.
Depuis les année 1930 environ, chacun y allait de ses points, Avanti, BEA, Silva ou NPCK (Nestlé Peter Cailler Kohler), points placés au dos des produits les plus divers.

Ces albums trônaient dans les bibliothèques d’innombrables foyers suisses, les enfants devenus grands s’en souviennent encore.

Adorables vignettes à coller

Le collectionneur obtenait contre ses points une série de petites photos (puis de reproductions) à apposer dans l’album. Ainsi, les point à récolter Silva étaient imprimés sur la marchandise Lindt & Sprüngli. Cet éditeur d’albums a réussi un coup de maître entre 1958 et 1962 en commandant à Barruel les illustrations de ses deux livres consacré aux oiseaux nicheurs d’Europe puis en 1970 aux Mammifères d’Europe. Alors au sommet de son art, Barruel a produit ces albums mémorables. Il avait été chaudement recommandé à Silva par le Genevois Paul Géroudet, spécialiste des oiseaux qui avait commandé de nombreuses aquarelles à l’artiste parisien.

Les points Avanti chantent la Suisse

La maison Suchard avait aussi sa série de vignettes, que l’on obtenait accumulant des points Avanti.

Consacrée aux trésors de l’Helvétie, elle réunissait de petites photos noir-blanc glorifiant les trésors de la nation.

Fi8nalement toutes ces maisons concurrentes ont fini par être réunies sous un sigle unique, BEA, société fondée en 1944 qui fonctionne toujours sur le même principe. Ancêtre de la carte Cumulus, cette société par correspondance vend ainsi des centaines d’articles si vous disposez d’un certain lot de points.

Ces magnifiques aquarelles sont présentées au public jusqu’au 2 novembre 2025. À l’occasion de cette double exposition, un modeste ouvrage est sorti aux Éditions de la Girafe. Il reproduit les 43 aquarelles agrémentées de photos des créations des élèves du secteur mode du CPNE.

Signalons enfin une monographie plus complète des mêmes éditions, Paul Barruel, artiste et naturaliste (1901-1982) paru en 2001. Textes de Gérald W. Le Grand, avec la collaboration de Marcel Jacquat.

Rappelons que les Éditions La Girafe ont été créées pour soutenir le Musée d’histoire naturelle, devenu MUZOO, dans ses efforts éditoriaux et assurer les publications relatives aux activités et expositions. C’est une association sans but lucratif.

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Muzoo

Replat du Dahu
2300 La Chaux-de-Fonds
Muzoo.ch
023 967 656 00

Ouvert du mardi au dimanche

de 10h00 à 16h45 (hiver)
de 10h00 à 17.45 (été)

Entrée libre au zoo

Tarifs Musée et exposition

Plein tarif: CHF 10.00
Réduit: CHF 7.00
Jeunes (12-16 ans): CHF 5.00
Enfants (moins de 12 an): Gratuit
Familles (2 adultes max. et jusqu’à 5 enfants max.): CHF 20.00