Une visite au Flicbar, vite avant la fin

Il ne s’agit pas d’un bar mais d’une sorte de cafétéria pour policiers au dernier étage de l’Hôtel-de-Ville. Cet espace va être rénové et changera d’affectation. Etat des lieux.

Le Flicbar n’est pas un bar, mais une sorte de buvette située au dernier étage de l’Hôtel-de-Ville chauxois. Il est fréquenté indifféremment par la Sécurité publique, les élus locaux et les convives. Aucun employé n’étant spécifiquement dévolu à cette tâche, les usagers ont donc la responsabilité de rendre l’endroit dans le même état qu’avant leur arrivée.

On y trouve même des plantes vertes

Il y a un peu plus d’une quarantaine d’année, le monde dans lequel nous vivions était très différent: personne ne possédait d’ordinateur ni de natel; les femmes n’étaient ni rasées ni tatouées ; les hommes ne jouaient pas aux jeux vidéos ; les enfants n’envoyaient pas chier leurs profs ; la cafétéria se trouvait au rez-de-chaussée ; et le mot « flic » ainsi que ses dérivées étaient insultants pour les forces de l’ordre.

Bref, que de progrès réalisés en quelques décennies seulement.

Évolution des mentalités

L’année 1984 sort l’artillerie lourde avec «Le flic de Beverly Hills», «Deux flics à Miami» et «Pinot, simple flic». A partir de là, le sens du mot «flic» a basculé dans l’inconscient collectif et il sera désormais considéré comme étant ringard de lui trouver encore un aspect péjoratif.

Un délassement apprécié

C’est à peu près à cette époque que les gendarmes espiègles comme des écoliers pratiquant l’autodérision baptisèrent affectueusement leur cafétéria fraîchement installée au troisième étage « Flicbar ». Avant cela, cet endroit servait de vestibule et de tir au pistolet à plombs.

Le domaine des revolvers à lui aussi eu sa petite révolution et la tendance actuelle est la marque Glock en 9 mm : matériaux composites légers, fiables, bons marchés, moches et grotesques, concernant certains modèle, au point de mettre le cran de sûreté sur la gâchette. Si vous souhaitez avoir des forces de l’ordre fiers de leurs joujoux alors offrez leurs des Laugo Alien à canons inversés par exemple.

Parfois, les politiques y vont

Cette cafétéria disposant d’un vaste terrasse couverte appréciées des fumeurs, sert aussi à sustenter les élus lors des séances de budget. Ainsi, au Conseil Général le mardi 13 décembre 2005, son président d’alors, Laurent Iff annonçait en milieu de séance sur le plan financier communale: «J’invite tous les élus à une petite agape de fin d’année au dénommé “Flicbar”, bien connu de certains anciens».
En 2015, Celia Clerc, pour fêter son élection au perchoir du même Conseil Général, conviait ses collègues «à partager le verre de l’amitié au flicbar». En quinze ans, les guillemets ont disparu.

Le coin cuisine

Fréquentation variable au Flicbar

A l’époque, les policiers cumulaient les casquettes en étant aussi pompiers et ambulanciers. Ils faisaient les trois huit. Mais la spécialisation de ces divers corps de métier, leur transfert en d’autres lieus et l’introduction des deux huit fît baisser l’attractivité de cet endroit.

Au début du XXIe siècle, une décision du Tribunal Fédéral abrogea l’obligation des policiers à être domiciliés exclusivement dans les communes les employant. Il en résulta un regain d’intérêt à utiliser cet espace convivial afin de confectionner des repas permettant d’économiser les trajets des gendarmes vivant en dehors de la métropole.

Un automate flanqué d’un frigo pour les réserves

Dans les faits, les trente-deux collaborateurs actuels en service à la Sécurité publique sont presque tous domiciliés dans le canton et la seule exigence leur étant imposée est d’être mobilisable en vingt minutes maximum en raison des contraintes liées au service de piquet.

La tendance du moment étant une présence accrue des forces de l’ordre en ville rend les locaux à nouveau un peu plus déserts qu’auparavant.

Cet état de fait pourrait à nouveau changer dans un futur proche.

Rénovation et places de parc

En mai 2024, un crédit de 7 millions 280’000 francs a été voté par le Conseil Général pour financer des transformations dans tout le bâtiment.

Ces travaux prévoient la modernisation des infrastructures existantes, la mise en valeur de certains espaces perdus, la construction de deux nouvelles salles sur les actuelles terrasses, et surtout, la création d’une réception unique pour fin 2026.

 

Concrètement, il s’agit là d’une sorte de centralisation. Le nouvelle Hôtel-de-Ville devrait abriter la sécurité publique, le service des bâtiments et du logement ainsi que le service de la population. Le Flicbar sera dès lors déplacé et rétrécis, mais se situera toujours au troisième étage.

Bisbilles en perspective

D’après le PLR, les deux nouvelles salles ne sont pas indispensables et le projet prend le risque de s’exposer à des oppositions du fait que le rehaussement du bâtiment requiert une dérogation au règlement communal.

Délices glacés pour l’été

Un autre crédit de 426’000 francs sera consacré à l’aménagement de sept nouvelles places de parc, réservés aux nouveaux employés suite à cette centralisation. Elles seront localisées sur la place Grange-Boucherie.

Après avoir supprimé une bonne dizaine de stationnement gratuit à la Rue du Rocher et au Passage des Petites Lessiveries en 2024, nos braves autorités dépenseront l’argent du contribuable pour créer 7 places au modique prix de 25 voitures neuves.

Si un jour, toutes les places de parc de la Rue de la Promenade sont supprimées grâce à un futur projet, sans doute hors de prix, imaginées par des Genevois, il faudra bien trouver une solution pour les véhicules des riverains.
Mais cela est un autre sujet.

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Blaise Fivaz avec ses lunettes inoubliables et Jérémy Vögtlin

La totalité des renseignements concernant le Flicbar ont été généreusement fournis par l’ancien chef de service, Blaise Fivaz, ainsi que son successeur, Jérémy Vögtlin.

Photos: Raphaël Meyer