Tout ce que vous ne saviez pas sur GabSon

Dix ans durant Gabriel Meuwli a fourni les fans de toutes les musiques en CD, vinyles, platines, haut-parleurs. GabSon & Hifi quitte La Méridienne, mais ne s’arrêtera pas! Portrait.

La nouvelle court depuis un moment déjà chez les mélomanes et les audiophiles de La Chaux-de-Fonds. Le disquaire et hifiste Gabson & Hifi, tenu depuis 1996 par Gabriel Meuwly à l’arrière de la librairie La Méridienne, laissera place à un espace dédié à la papeterie.

Première platine 33 tours et son ampli (à dr) fabriquée par Thorens à Sainte-Croix

Ce n’est pas qu’on n’aime pas les articles d’écriture, mais vu qu’on adore les disquaires et la Hifi, cela nous émeut un grand coup. Alors on est passé voir le sieur Gabriel, pour qu’il nous en raconte un peu plus sur sa passion.

Un précoce

C’est dès l’âge de treize ans que Gabriel Meuwly se sent déjà audiophile. Il convainc sa mère de lui acheter sa première platine vinyle, un tourne disque portatif accompagné de deux enceintes colonne. Mais le jeune Gabriel est à l’époque plutôt musicien: il joue dans plusieurs groupes jusqu’à ses trente ans.

Le côté obscur du son?

Il passe ensuite de l’autre côté de la console et se met à mixer sur des tables, à l’époque, exclusivement analogiques. Sa passion pour la sono le fait suivre plusieurs groupes en concert et organiser des projections de films. Et comme on le dit souvent: «de la sono à la hifi, il n’y a qu’un pas!».

Un commerce type la débrouille

En 1982, Bernard Born, acteur et ami de Gabriel Meuwly, lui propose d’ouvrir un magasin de disques à Saint-Imier. Plus précisément: Gabriel disposera de son rayon et vendra ses sillons noirs dans un magasin nommé Système D.

Un disquaire est bien caché, derrière les livres

On y trouvait entre autres des bijoux à fabriquer soi-même et des articles de bricolage. Mais patatras, Bernard Born décède en 1983, et Gabriel Meuwly n’a pas assez de fonds pour reprendre le fonds de commerce qui lui permettrait de continuer de vendre ses disques. L’année suivante, un accord est trouvé avec le frère de Bernard, Maurice Born, qui baisse le prix du fonds de commerce permettant ainsi à Gabriel de continuer son activité.

Création anar

L’aventure prend un nouveau tournant quand, fin 1984, Gabriel Meuwly et Maurice Born unissent leurs efforts dans la création d’Espace Noir. Ce lieu autogéré, vaillant symbole de l’anarchisme dans la région, accueille une cuisine, une taverne, un cinéma, un théâtre, une librairie et… un disquaire!

Seul à bord

Trois ans plus tard, Maurice Born se retire du projet, ainsi que son épouse. Gabriel Meuwly se retrouve projeté gérant. En autogestion, il s’occupe tant de la comptabilité que de la taverne ou encore du cinéma tout en continuant à vendre des disques.

Focalisation essentielle à la recherche discographique pointue

Il passe le diplôme de cafetier pour que le lieu continue de disposer d’une patente et fait l’homme-orchestre pendant un certain temps. Mais la nouvelle génération de militant·es autogestionnaires est là pour prendre la relève; on voit naître des clivages entre d’une part la vision que Gabriel a pour Espace Noir, et d’autre part, les projets des autres acteur·ices du lieu.

Dans l’antre de GabSon

Déménagement à deux pas

Gabriel Meuwly finit par racheter le fonds de commerce de la partie disquaire d’Espace Noir pour s’installer quelques dizaines de mètres plus loin, toujours à Saint-Imier, comme disquaire.

Des CD à perte de vue

Quelques années plus tard, des libraires lui proposent d’avoir son magasin au sein de La Méridienne, le Gabson & Hifi que nous connaissons aujourd’hui. On y trouve une foule de disques intéressants et introuvables, en format CD ou vinyle. Gabriel Meuwly vend aussi des lecteurs CD, platines vinyle, amplificateurs et préamplis des marques Rega et Atoll.

Matériel de classe et de race

En Hifi, il fait autant du conseil que de l’installation pour les initiés comme pour les novices. Il restera, même sans son rayon à La Méridienne, joignable par téléphone  pour qui voudra lui commander des disques, de la Hifi, ou obtenir des conseils d’installation.

 

Partout de quoi faire tourner des vinyls

***

(Réd) Sachez que Gab, ancien batteur, est un as de la recherche discographique sur internet, rien ne le rebute. «Tiens, j’y croyais pas, mais je l’ai ton truc», annonce-t-il sur un ton détaché – le tenancier de l’unique magasin de disque dans la librairie de notre ville a le triomphe modeste – en brandissant un rare enregistrement de Komitas par le Gurdjieff Ensemble chez ECM. Ou le dernier opus du Beau Lac de Bâle pour les nostalgique de John Chipolata.

Chez GabSon, prix à la tête du client

L’avantage avec lui, c’est qu’on n’est pas forcé de s’inscrire sur un site vendeur virtuel et recevoir ensuite de la pub pendant des années.

Mieux, Gab vous raconte des histoires.

Allez avant qu’il ne ferme boutique au café-bar du hall de la gare le soir en semaine, on peut l’apercevoir en train de siffler un ballon de picrate en attendant le train pour le Vallon. On peut le croiser aussi au Café du Coin en face de son antre, lorsqu’il sort pour aspirer sa cigarette roulée main.

Dernier disquaire avant le désert

Branchez-le alors sur les années 70 où il apparaissait sur scène avec ses complices musiciens, il vous contera un voyage au temps du pop-rock déjanté.

Et il se remémorera  l’incendie du cinéma Scala durant la projection du film Woodstock le 26 décembre 1970 (ArcInfo du 20.8.2019): «Quand le Scala a brûlé, je n’ai pas vu Jimi Hendrix jouer l’hymne américain. Ça avait dû trop fumer», souligne le disquaire. En effet, une cigarette mal éteinte est à l’origine du sinistre.

1000METRES. CH souhaite longue vie à Gab, pour qu’il puisse écouter tout ce qu’il lui reste à découvrir dans l’immensité sonore du monde.

Et des vinyles en veux-tu en voilà

Photos © Nadia Vuilleumier