Jindamour: Ayfer réjouit nos palais
Ayfer Ummel est de retour aux fourneaux. Après l’ABC, et une interruption due à la maladie de sa fille, cette restauratrice habile rebondit en ville Rue du Marché 10. Miam miam!
La quincaillerie Kaufmann a occupé les lieux des décennies durant, un entrepôt en bois sur des fondations de grosses pierres.
Un promoteur a repris la parcelle et y a construit, avec quelques difficultés dues aux vieilles pierres, des appartements protégés, un restaurant et une grande salle.
Style moderne et dépouillé
L’établissement public qu’y tient depuis le 1er avril 2025 Ayfer Ummel est baptisé Jindamour Café-Restaurant, vous comprendrez pourquoi en lisant la fin de ce Testé pour vous. On y trouva auparavant l’Okapi durant quelques mois.
Construit en béton, de style dépouillé avec une mezzanine aménagée cosy, ce café-restaurant a un côté moderne qui se marie bien avec le style d’Espacité. La terrasse a pris de l’ampleur, la patronne a eu la bonne idée d’y installer des chaises longues.
Le midi, lorsque le soleil dépasse les toits avoisinants on passe de table en table pour rester au soleil ou à l’ombre.
La musique est douce, on s’entend parler, un plus!
Menu à midi …
Les ami∙s végétarien∙nes trouvent leur compte à Jindamour. Deux propositions en général à midi, avec une soupe si désiré. Les plats changent tous les jours, c’est de loin meilleur que les propositions de GastroJournal que suivent une majorité des établissements classiques.
Ayfer Ummel joue habilement avec les goûts, les légumes et céréales, les poissons et les viandes, variété garantie. La viande est suisse, c’est appréciable. «Je conçois les plats et ce sont en général les cuisiniers qui les concoctent», nous confie Ayfer.
Le rapport qualité prix du plat du jour est honnête: l’assiette est copieuse pour les 21 francs encaissés.
Décorée de manière originale, chaque carte est unique, la couverture se singularise. L’ensemble du graphisme a été conçu par Ayfer avec l’aide de son mari.
… et la carte du soir
Le soir, l’offre culinaire oscille entre grands classiques (tartare, hamburgers) et cuisine exotique de l’Asie au Moyen-Orient.
Concession à la mode du burger? Pas entièrement, la déclination signée Jindamour est osée: le pain du hamburger à l’effilochée de porc est en pâte feuilletée, déclinaison japonaise (sauce teriyaki); le burger poulet est servi avec un kimchi et une sauce yangnyeom coréenne, piquante et un peu sucrée. Ma voisine de table l’a dévoré sans hésitation.
Ma soupe à l’oignon était excellente, pas trop relevée et l’oignon ne s’est fait sentir que le lendemain matin 😉. Servi par une employée attentive et disponible, c’était parfait: l’assiette était bouillante, le liquide bien décoré.
J’ai hésité devant le dépaysement gustatif proposé entre la Thaïlande et le Liban. J’ai goûté en entrée le baba ghanoush mode libanaise, loin du caviar d’aubergine habituellement servi dans les restaus à l’emporter. Bien relevé avec des morceaux de tomates, il est servi sur une planchette, accompagné d’un pain à la nigelle chaud et d’oignons crus.
C’est un peu comme la fondue: il doit y avoir des centaines voire des milliers de recette de baba ghanoush.
Samedi: brunch truco-asiatique
Chaque samedi matin, un brunch diversifié est servi sur assiette de 10h à 14h. L’originalité est de mise avec 5 plats au choix:
- Menemen accompagné de salade (19.-) Plat traditionnel turc à base d’œufs, tomates, poivrons et oignons
- Su börek accompagné de salade (19.-) Feuilleté de fromage feta, mozzarella et persil
- Katmer et sa salade libanaise fattouche (19.-) Galette d’Asie centrale à base de pomme de terre et oignons
- Assiette brunch classique (21.-)Pain simit, beurre, confiture maison, olives, fromage, viande séchée de cheval, concombres, tomates et verdure
- Pancakes, avocat, saumon et mozzarella(19.-)
Pression Comète et Bonne Aventure
Le temps d’attendre la suite, j’ai jeté un œil sur l’offre de boissons. Un vaste choix attend les convives: du shot gingembre aux bières pression locales et toute la gamme des six cervoises de Bonne Aventure, dernière-née des brasserie chauxoises, «mise en bière à la propriété». Leur Brune d’enfer semble prometteuse.
Signalons le rhum arrangé de la patronne.
Boissons maison
Oubliant la limonade maison et divers thés, j’ai craqué pour un étrange breuvage chaud baptisé Gulden Latte. Épicé cannelle, curcuma et gingembre, c’est présenté avec une touche romantique. N’oubliez pad de remuer souvent cette boisson, le curcuma a tendance à tomber au fond de la tasse!
Sinon, on boit sain, avec du kombucha, du maté, des thés froids maison, des smoothies et j’en passe. La carte des vins est résolument neuchâteloise avec des vins de chez Sandoz de la Coudre, un vigneron qui pratique la production intégrée (PI). Ce n’est certes pas du nectar bio labellisé, mais c’est mieux que des vins sur-traités. Quelques crus d’ailleurs complètent l’offre à des prix fort abordables. À gouter, un rouge au verre de l’Hérault au nom évocateur: Été Indien.
Parmi les alcools qualifiés de «durs», joli choix de distillés de fruits avec une absinthe bien nommée parmi d’autres.
Un copieux mezzé inusité
Délaissant le Tchow Mein végan avec tempeh, servi avec une tranche d’orange omniprésente sur les plats d’Ayfer, j’ai tenté le mezze résolument méditerranéen. Huit surprises occupent l’assiette: du pickles de choux rose qui cache un piment brun oblong pas fort du tout, on a le choix entre deux légumes farcis au riz , un petit pain garni au fromage frais et herbettes, un mélange d’épinards à l’ail et yogourt. Au centre, un petit dôme de taboulé persillé comme il faut. Le tout à déguster avec des quarts de pain pide.
Une petite critique: les olives noires se révèlent un peu fade et dénoyautées.
Pour les becs à bonbons
Les desserts sont réalisés maison, exceptés cookies et cupcakes livrés par Marji’s Sweetys. Les douceurs ne figurent pas sur la carte, c’est au coup d’œil dans une vitrine frigorifique au bout du comptoir que l’on choisit entre muffins, tartes et autres délicatesses du moment.
Un petit congélateur présente des glaces de la ferme Monnier à Dombresson, servies en petits pots, pas donné à 5,50 CHF, mais bon, c’est local et frais, que veut le peuple.
Deux cafés très différents
Pour les buveurs et buveuses de caféine, testez l’amertume des deux types de jus: le premier est corsé, plus sur l’acidité, assez fort; l’autre, mélange spécial Jindamour est fin, plus rond, avec un arôme puissant. Le tout est torréfié à Marin.
La machine est réglée au petit poil, vitesse de coulage, poids de la poudre, finesse de la mouture, tout est maîtrisé.
C’est vite vu: Ayfer entend devenir barista, elle s’est inscrite à un cours, alors encourageons-la ☕!
Des WC bien foutus
Unisexe, aménagés pour bébé et personnes avec limitations (soyons hyper-corrects dans la formulation non discriminatoire), il ne manque que le top du top, soit un miroir inclinable muni d’une longue poignée qui permet aux personnes en chaise roulante de se recoiffer sans contorsions.
Ce café-restaurant peut accueillir environ 50 personnes dedans et 70 en terrasse.
Active sur plusieurs plans
Après des études universitaires (notamment un diplôme d’enseignement du français langue étrangère), Ayfer a opté pour la restauration, où ses goûts alliés à sa facilité de contact font merveille.
Ayfer Ummel a aussi milité au comité kurde, ses discours étaient forts appréciés. Elle a en outre siégé au Conseil Général sous bannière POP entre 2016 et 2018 juste avant de reprendre le café du centre de culture ABC.
Dédicace post mortem
Enfin sachez que le nom du restaurant est un hommage à sa fille trop tôt décédée d’un cancer méchant l’an dernier. Elle s’appelait Jinda.
Infos pratiques
Dimanche Fermé
Lundi Fermé
Mardi 8:30 – 23:00
Mercredi 8:30 – 23:00
Jeudi 8:30 – 23:00
Vendredi 8:30 – 00:00
Samedi 8:30 – 00:00 (brunch de 10.00 à 14.00)
Réservations: uniquement par téléphone
+ 41 (0)32 525 75 03
(un truc: sous LIENS vous trouvez tous les fournisseurs et même le mari de la patronne)
Sur Insta #jindamour_lachauxdefonds
