Chez Orologio, le chef Anthony voit grand

Nouvelle terrasse, nouvelle carte, nouvelles ambitions pour le restaurant Orologio. Une carte étoffée, une broche éphémère réjouissent les gourmand∙es.
Et bientôt, mangez au Quatorzième!
Vous hésitez; quelle terrasse choisir cet été? La plus accueillante et ombragée de La Chaux-de-Fonds est située au coin d’Alexis-Marie Piaget et de Bel-Air, dans une ancienne ferme reconvertie. Réaménagée ce printemps, l’endroit vaut le déplacement.

On parque sans problème et les arbres de la propriété voisine garantissent une température agréable, même par forte chaleur. Une équipe bien rôdée vous y accueille, tentez le coup, vous ne serez pas déçu. Le lieu est idéal pour l’apéro!
Cartes d’été et de saison
Créatif, le cuisinier remodèle sa carte des mets à intervalles saisonniers. Et il étoffe sa carte des vins sans discontinuer. On trouve actuellement quelques 125 crus de bonne voire excellente qualité à des prix encore abordables. Des soirées dégustation sont en gestation. Abonné aux bières La Meute, ce restaurant envisage, pour les fans de mousses rares, une sélection de bières gastronomiques.

Chartreuses à profusion
Quelques flacons grande taille viennent agrémenter les soirées festives pour les grandes familles. Des grands crus français et italiens côtoient ainsi des bouteilles de vignerons moins huppés à découvrir.
Ayant un penchant pour les côtes du Jura voisin, Gendrat ne dédaigne pourtant pas les nectars suisses, témoins des pinots de chez Ruedin, De Montmollin et de la cave des Landions. Le tout accompagné de quelques rouges espagnols pour faire bon poids.

Signalons une très large gamme de chartreuses, le patron s’est visiblement mis en tête de les collectionner. Et les amateurs de bas-armagnac peuvent déguster une brochette tout à fait présentable de bouteilles millésimées Dartigalongue.
Que de surprises positives!
Depuis notre première visite chez Anthony Gendrat, les pizzas ont disparu de la carte chez Orologio. En fait, trois mois après l’ouverture, le four a été reconverti et sert à des cuissons lentes telle le braisé de bœuf servi en hiver. Ou des rosbifs en été.
La broche présente le plus indéniable de la terrasse, bien qu’Anthony et son fidèle second l’installe aussi à la saison de la chasse, qu’il pleuve ou qu’il vente. Résultat: du sanglier rôti comme l’aime Obélix.

Rappelons qu’en saison (et suivant les disponibilités) Anthony concocte un risotto onctueux et goûteux à la même la meule de parmesan, difficile à réussir à la maison…
Un look plus classe
La décoration a été revisitée, les luminaires asymétriques signés Floss dispensent une agréable ambiance, la salle de l’entrée est mieux insonorisée. L’enduit choisi par la décoratrice – qui n’est autre que la femme du restaurateur – ajoute une touche cocooning sympa. Quelques rouages par-ci par-là sur les murs rappellent qu’on est en pays horloger.

Toujours actif, le jeune chef est père d’une charmante petit fille qui, à en croire sa mère, «grandit avec Orologio», qu’elle va sûrement apprécier à sa juste valeur d’ici quelques années.
Cuisine sincère et authentique
Chez Anthony, tout est fait maison. Il prépare ainsi sa farce de gnocchis en mettant des courges entières au four avec des branches de romarin, il teste des chips maison. Inventif, ce gars de Morteau ne cesse de tester, de chercher, d’améliorer ses plats. Récemment il s’est lancé dans la confection de pains.

Ambitieux, il me glisse: «Je vise désormais une mention dans un guide, Gault & Millau ou Michelin, peu importe, voilà mon défi pour ces prochaines années.»
En attendant, il part écosser ses petits poids et surveiller la cuisson de son plat du jour qui change en fonction des arrivages, pas de liste prévue d’avance pour toute la semaine.

Accès aux plaisirs de la table
Un bon point, pour éduquer le palais des petiot∙es, le chef a repris une idée que j’avais découverte dans un restaurant étoilé de Bordeaux: pas de «menu enfant» composé de jambon fade et de frites ou de pépites/nuggets industriels (à la peau de poulet et exhausteur de goûts…😖).
Chez Orologio, le chef se fait un «point d’honneur à ce que nos enfants apprennent à manger de tout dès le plus jeune âge». Il offre ainsi tous ses plats au tarif unique de 16 .- francs pour les gosses de moins de 12 ans.
Le restaurant bordelais cité poussait le démarche en faisant visiter la cuisine aux mouflets en leur montrant les mets en préparation pour qu’ils choisissent à l’œil et en toute indépendance, vu que généralement, personne ne leur transmet la carte, même s’ils savent lire! Mon fiston avait adoré.
Passons à table
Une fois les mets choisi, le voyage commence dans l’assiette. Le choix d’entrées d’été fera réfléchir les convives Balance ou ascendant de ce signe cultivant l’ambivalence: gaspacho, salade avec vinaigrette aux fruits rouges, aubergine croustillante façon panko (une chapelure japonaise qui retient moins l’huile car elle est desséchée longuement au four), les classiques cevice de bar (agrémenté d’une fine tuile de carotte) et carpaccio de bœuf (avec vieux gruyère et huile de noisette).
Et surtout le foie gars mi-cuit du chef Anthony, un truc de ouf servi avec sa brioche maison tiède.
Il est possible en outre de commander ce foie gras maison pour le déguster chez soi. Bien sûr, ce n’est pas donné; reste qu’on oublie vite le prix sans regretter Le Parfait longtemps made by Nestlé, puis désormais trituré par Malbuner au Lichtenstein.
Seconds plats
Pas de lézard, chez Orologio, on mange de la viande. Bon, côté halieutique, on (re)trouve le célèbre poulpe rôti, un filet de bar et du thon rouge fumé sur place, reste que le bœuf tient la vedette: l’entrecôte est généreuse, quoique je préfère le filet de bœuf trois cuissons (fumée, lente puis finition plancha) et son jus de viande au cassis. Une légère critique de cette hardie innovation: la petite ratatouille servie en garniture a tendance à masquer l’excellent goût du jus de viande.
Ledit jus accompagne aussi le filet de canette. L’autre volaille est servie avec une surprenante sauce au maïs que certain∙es adorent. Signalons qu’Anthony dissémine, un peu partout en garniture décorative, des demi-rondelles d’oignon rouge style pickles. Une marotte devenue la signature de ce chef.

Les végétariennes ne sont pas oublié∙es: les linguine au pesto de pistache ne sont pas tristes, elles sont copieuses. L’aubergine panko de l’entrée est servie en plat avec une purée d’artichaud sympa entourée d’une ratatouille finement ciselée.
Desserts de l’Italie à la Bretagne
Après une assiette de fromages Sterchi comme il se doit, les becs à sucre peuvent se retrouver en Italie à Amalfi avec la tartelette au citron du lieu (compter un brin d’attente pour le meringage) ou en Bretagne pour un sablé accompagné d’une panna cotta. Glaces classiques, coupe Melba ou Danemark. À noter les Smarties ornant les deux boules de la coupe enfant.

Il vaut la peine de garder un peu d’appétit pour le baba au rhum arrangé mode du chef, richement accompagné d’une quenelle de crème Chartreuse ainsi que d’une crème au mascarpone. Longue vie à cette recette enivrante.
Projet en hauteur à Espacité
Outre les promesses de bières de classe et de race ainsi que les dégustations vineuses déjà citées, une extension est dans le pipe-line! Finaud, Anthony Gendrat vise haut: il va reprendre le restaurant de la Tour Espacité cet automne, en septembre si tout va bien.

Cela sera un plus apprécié des touristes en 2027, en phase avec l’évènement-phare, la CCS soit La Chaux-de-Fonds Capitale Culturelle Suisse.
À tantôt au Quatorzième!
Le contrat est signé. Pourvu que les client∙es prennent l’ascenseur ou montent à pied jusqu’au dernier étage, l’idée est porteuse, ça marchera.
Infos pratiques
Restaurant Orologio
Alexis-Marie-Piaget 1
2300 La Chaux-de-Fonds
032 968 84 84
Horaires
- Lundi: 11.30 – 14.30
- Mardi – Vendredi: 11.30 – 14.30 / 17.30 – 23.30
- Samedi: 17.30 – 23.30
- Dimanche: Fermé
Réservation souhaitée
Instagram: restaurant_orologio

Déclaration d’intérêt: le chroniqueur est voisin du restaurant et s’y rend volontiers, d’où une description des lieux peut-être biaisée par la proximité.




