Hyperprésentation
Quand l’excentrique mais néanmoins sympathique Redac’Chef de cette gazette est venu me voir pour me proposer de pondre une chronique mensuelle au nom de l’Hyperartisme sur son tout nouveau site dédié à La Chaux-de-Fonds, je me suis demandé quel genre d’article il s’attendait à recevoir de la part de notre hypercollectif. Et je me suis vite rendu compte de l’évidence: il n’en avait strictement aucune idée. Tout au plus avait-il l’air d’être certain que oui, pour sûr, c’est indéniable: nos parodies de romans-photos dans le magazine Hyperchou l’avaient bien fait marrer.
J’ai donc aujourd’hui la lourde tâche de définir ce qu’est et sera (pour toujours et à jamais, si j’en crois le contrat signé de notre sang) l’Hyperchronique de 1000METRES.ch. Et pour cela, il nous faudra passer par l’éternelle question qu’environ tout le monde, dont les membres du collectif, et certainement encore plus le Redac’Chef, se pose: qu’est-ce que l’Hyperartisme? Tentons d’y répondre à travers le prisme des hyperœuvres que le mouvement a enfanté.
L’Hyperartisme, c’est tout d’abord la surutilisation d’un préfixe à apposer hyperpartout, hypertout le temps. D’Hyperviande à Hyperwestern Cowboy en passant par le nom même de cette chronique, l’Hyperartisme en hyperabuse, et cette simple astuce accessible à tout·e un·e chacun·e permet de rendre plus HYPER n’importe quelle œuvre, grâce à un bête tour de passe-passe hyperlinguistique. Hyperfacile.
L’Hyperartisme, c’est faire beaucoup avec hyperpeu. Pas le budget pour créer un film de science-fiction à grand spectacle ? Pas de souci: du carton, des copain·pine·s qui crient, quelques connaissances sur des logiciels d’effets hyperspéciaux, une bonne dose de passion (par “passion”, comme souvent, il faut entendre “heures de dur labeur”) et voilà que des gastéropodes galactiques défoncent le Pod dans un déluge d’effets visuels ravageurs, avec en prime la preuve que la tour Espacité est une fusée spatiale.
L’Hyperartisme, c’est ouvrir des espaces d’expérimentation, pour toutes et tous. Pour qui souhaiterait s’adonner à l’écriture et/ou à l’illustration, avec la publication du magazine Hyperchou. Ou pour qui aurait l’envie de fabriquer trucs et choses sans prise de tête, comme lors de la semaine de résidence Hypermoudax qui permit, entre autres, la création de l’Hyperturfu Express. D’ailleurs, ce dernier engendrera également une seconde résidence plus longue, elle aussi ouverte à toustes, pour un Return of the Hyperturfu Express 2 gargantuesque dont la vidéo reste à paraître – et ainsi avance-t-on naturellement sur le chemin vertueux de l’hypercréation.
L’Hyperartisme, c’est prendre une idée bête surgie dans un moment d’égarement alcoolisé et tout mettre en œuvre pour la réaliser alors qu’il serait bien plus sensé de l’enterrer. En composant et publiant un hommage aux compilations de mauvais tubes de l’été des années 90, avec l’HyperSummerMix Vol.1. Ou en voyageant jusqu’à Frameries en Belgique, ville jumelle de La Chaux-de-Fonds, pour vérifier si y vivent nos jumeaux maléfiques.
L’Hyperartisme, c’est estimer que nous sommes légitimes. En tournant dans des festivals de films, et parfois même en ayant le culot d’y gagner des prix, avec par exemple Hypercool, Hyperdiacon ou Hyperfoie de Veau. Ou en s’incrustant à la Biennale du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds avec un Hyperroquet parlant. Ou en écrivant pour une Gazette en ligne à la demande d’un Redac’Chef un peu timbré.
L’Hyperartisme, c’est agiter un réseau de personnes hypertalentueuses et passionnées. En conviant l’ami Takemo, qui glandait dans le coin, à rapper sur Hypergros Kiff, clip réalisé dans le cadre de la Compilation Antidépression du label genevois Copypasta Editions. Ou en montant YPSUM, projet au long court autour duquel plus de 40 personnes aux compétences diverses se sont affairées dans l’unique but de donner vie à un film/pièce/perfo totalement absurde, parce qu’ielles trouvaient ça bonnard.
Hypercréer sans relâche
Alors oui, joli gargarisme obscène me direz-vous, mais où veut-il bien en venir? Et bien voilà: l’Hyperartisme est en réalité un pur produit de la scène culturelle alternative chaux-de-fonnière. Il est le reflet d’une façon de faire, d’une manière de créer qui est propre à notre bien bonne métropole haut perchée. Dans l’hypermanifeste, l’une des règles édictées est de se contrefoutre des règles de l’hypermanifeste. Et c’est dans cet état d’esprit que s’ébattent pléthore d’artistes locaux, hyper ou non: en se foutant des carcans, en se moquant des conventions et en créant sans relâche, tout en profitant d’un microcosme dans lequel il est possible de faire éclore des projets fous rien qu’en passant quelques coups de fil – et en se battant parfois vainement contre les autorités pour obtenir des lieux de création, mais on y reviendra, là n’est pas le sujet, et le Redac’Chef lève déjà un sourcil.
La Chaux-de-Fonds est tel un gigantesque hyperarbre fertile dont il suffit de secouer quelques branches pour en faire tomber des fruits en or massif (où ça, où ça? note du Redac’Chef hyperavaricieux). Et l’hyperchronique se voudra être un témoin de cela, un hyperrapporteur de la fascinante et prolifique vie culturelle alterno-gaucho-magico-dingue de cet “asile à ciel ouvert”, le tout dans un style d’écriture libre laissant place à toutes les expérimentations et constellé de métaphores foireuses à base d’arbres fruitiers. Dans l’espoir de vous intéresser à l’abondante vie souterraine locale – même si la première chose qui m’a traversé l’esprit quand l’étrange mais néanmoins bienveillant Redac’Chef est venu me voir, c’est: “Comme vais-je bien pouvoir caser un max d’autopromo en si peu de caractères?”