Une césarienne avec stagiaire

À l’hôpital de Nyon, j’ai passé une année en gynécologie et maternité. Car chaque médecin doit être capable de s’occuper d’un accouchement imprévu n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelles conditions, qu’il pleuve, qu’il vente ou au pied d’un volcan en éruption.

Après une nuit de garde mouvementée, j’étais un peu fatiguée, un matin où, entre autres opérations prévues, il y aurait une césarienne dans l’une des salles d’opération. En outre, je devais accompagner un nouveau stagiaire, une affaire jamais gagnée d’avance.

Rencontre au vestiaire

Préparation oblige, je suis entrée dans le vestiaire où l’on doit se changer pour me transformer en petite bonne-femme verte. J’ai salué la sage-femme en train de s’équiper.

J’aperçois alors un jeune homme ayant simplement mis une blouse verte sur ses vêtements de ville.
Je lui ordonne de se déshabiller, de mettre un pantalon, une chemise, un bonnet ainsi qu’un masque vert. Il a obtempéré en maugréant. «Ensuite», lui expliquais-je «lorsque que vous serez prêt, je vous montrerais comment vous laver correctement les mains». Pendant qu’il se déshabillait et se rhabillait, j’ai fait pareil.

Fatale erreur

Devant la machine à café d’une petite salle attenante, deux médecins hurlaient de rire. Une fois son fou-rire maîtrisé, le gynécologue en charge ce jour-là s’est approché de moi et m’a chuchoté à l’oreille: «Ce n’est pas le stagiaire, mais le mari!»
Je lui ai rétorqué que de toutes façons, tout le monde doit s’habiller correctement en salle d’opération.

Un beau bébé

La césarienne s’est déroulée sans anicroche.

Au pauvre mari stressé par l’arrivée de son premier enfant, j’ai conseillé, en guise de calmant, de suivre la sage-femme pour voir où serait placé le bébé pour dormir.

Sans plus attendre, je suis allé boire un petit noir bien serré, j’ai mangé plusieurs tartines et, comme par enchantement, je n’étais plus fatiguée du tout.

Tout s’est bien passé, le bébé est magnifique, la mère aussi. Et le père n’est plus en vert.

 

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Pour illustrer cette chronique, 1000METRES.CH présente des clichés pris au Centre opératoire protégé (COP) de La Chaux-de-Fonds, une infrastructure souterraine de la Protection Civile chauxoise aujourd’hui désaffectée.

Emetteur – récepteur E 606 modèle 1968