De la vitesse des ambulances

Ce jour-là, j’étais en poste dans une permanence privée lorsque mon patron m’a appelé d’un ton urgent. Sans plus tarder, il m’a demandé de tout abandonner sur-le-champ. La raison ? Un patient ayant subi une crise cardiaque à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds devait être rapatrié d’urgence à Lausanne en ambulance, accompagné d’une infirmière. Sans hésitation, nous nous sommes précipités à l’arrière du véhicule et avons démarré. Les ambulanciers ont aussitôt enclenché les feux bleus et les sirènes, et nous nous sommes élancés à une vitesse vertigineuse.

Ligne blanche

En traversant la ville, puis sur l’autoroute, tout se passait bien jusqu’à Yverdon-les-Bains. Cependant, à l’époque, le long du lac, seule une route cantonale étroite à une voie de chaque côté, avec une ligne continue, nous attendait. Sans se laisser décourager, les ambulanciers se sont positionnés au milieu de la ligne blanche, et j’ai pu observer les voitures s’écarter, parfois se retrouvant dans le fossé, tout au long de notre trajet jusqu’à Neuchâtel. À l’arrière, nous nous accrochions désespérément dans les virages pour éviter de chuter. Heureusement, la montée à travers les tunnels était moins éprouvante. À notre arrivée à La Chaux-de-Fonds, deux motards de la police attendaient pour nous escorter, garantissant ainsi un trajet le plus rapide possible.

Goutte à goutte et surveillance

Une fois à l’hôpital, nous avons découvert le patient seul, dans un couloir, tenant précieusement les documents dont nous avions besoin. Avec précaution, nous l’avons confortablement installé dans l’ambulance, procédant à tous les branchements nécessaires pour une surveillance constante, tout en veillant à accrocher une perfusion, des capteurs d’auscultation permanente et le reste du matériel indispensable.

Retour à vitesse normale

Avant de prendre la route du retour, j’ai demandé aux chauffeurs de ne pas utiliser le gyrophare ni les sirènes, afin de préserver l’état stable du patient. Il s’agissait d’opter pour une vitesse raisonnable. Ils ont respecté mes consignes.

Vous ne devinerez jamais le gain de temps entre ces deux trajets de 100 kilomètres chacun, l’un en prenant des risques, l’autre en respectant les limitations réglementaires: moins de 10 minutes!

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Une doctoresse livre ici ses réminiscences de garde durant les années 70-80. Retraitée, cette praticienne originaire de La Chaux-de-Fonds décrit ses jours de piquet mouvementés.
Pour illustrer cette chronique, 1000METRES.CH présente des clichés du Centre opératoire protégé (COP) de La Chaux-de-Fonds, une infrastructure souterraine de la Protection Civile chauxoise aujourd’hui désaffectée.