Les Gitans

Cette nuit-là, j’étais de garde à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds. Une véritable agitation régnait aux urgences lorsque plusieurs membres de la communauté gitane sont arrivés, accompagnant un homme blessé à la main droite. Après avoir interrogé les protagonistes présents, j’ai découvert que certains d’entre eux avaient beaucoup bu et s’étaient adonnés à un jeu audacieux : à chaque tournée, ils devaient heurter leurs verres violemment les uns contre les autres, dans l’espoir de les briser.

Ivrogne agité

Les conséquences de ce jeu étaient évidentes: de nombreuses blessures, heureusement superficielles. Avec l’aide de mon infirmière, j’ai commencé à prendre en charge ces patients. Cependant, notre ivrogne ne pouvait pas s’allonger, sa tête tournait trop. J’ai dû m’adapter à ses mouvements désordonnés alors qu’il restait assis, pour pouvoir suturer ses plaies.

Curiosité envahissante

Dans la salle d’attente, il y avait une petite vitre à travers laquelle les porches pouvaient observer mes gestes. Mais curieux en diable, ses amis se faufilaient à l’intérieur pour encourager notre blessé, se pressant tous derrière mon épaule.

Avec gentillesse, j’ai demandé à ces intrus de quitter la salle d’opération pour que je puisse poursuivre mon travail. Se montrant dociles, ils sont partis sans faire d’histoire. Cependant, cette scène s’est répétée régulièrement.

À un moment donné, un nouveau patient est arrivé, le bras droit couvert de sang. Il avait frappé violemment une fenêtre fermée, la brisant en morceaux. Un éclat de verre avait entaillé une artère importante. Après avoir réalisé un pansement compressif d’urgence, j’ai appelé notre responsable afin de lui demander de programmer une opération dans la nuit.
Responsable expéditif

Il m’a soudain interrompu et demandé d’où provenait ce bruit que l’on entendait. Je lui ai répondu: «Ce n’est rien, ce sont simplement quelques Gitans qui bavardent.»

Eh bien, je ne l’avais jamais vu agir aussi rapidement. Il a immédiatement expulsé tout le monde de la salle.
Avait-il peur pour ma sécurité ou la sienne?