Splendides Zigomatyks théâtre pince-sans-rire

Trois femmes, un homme, une troupe: iels montent leur premier spectacle, une création collective. Coup d’œil sur une répétition. Et coup de projo sur leurs ambitions.

Parce que le rire du ventre muscle le cerveau, une nouvelle compagnie théâtrale, née à La Chaux-de-Fonds en octobre 2022 est en train de fignoler son premier spectacle On peut plus rien dire. «Mais on a plein de choses à raconter!» La réponse a fusé, Zigomatyks maîtrise la répartie.

Discussion

Quatre artistes ambitieux

Baptisée Zigomatyks elle est composée de quatre jeunes comédien·nes entre 19 et 23 ans, touxtes issu∙es de l’école de théâtre du TPR: Charlotte Hanselmann, Laure Volpato, Martin Girardin et Lila Juliette Grandjean. Sans bourse d’études, iels ont payé de leur poche la formation qui coûte quelque 3000 francs par an pour un ensemble de prestations. Précisons que cette école prépare au concours d’entrée aux hautes écoles de théâtre, telle la Manufacture à Lausanne.

Dans le cadre de cette filière préprofessionnelle, iels ont participé à un spectacle de fin de formation monté en 2022, abordant la mort. Cette pièce a fait émerger un questionnement fondamental sur le rôle de chaque intervenant∙e et a rapproché le quatuor.

A l’affût

Leur cursus préparatoire a duré deux ans, après quoi iels ont décidé de voler de leurs propres cerveaux, car en équipe, on va plus loin, plus haut 🪁, plus fou. Une «énorme amitié» les lie, les atomes crochus ne manquent pas.

Aparté

Du blé, de la thune, du flouze

En décembre 2022, le quatuor a fondé une association du même nom, afin de solidifier la recherche de fonds. La compagnie a renoncé à organiser pour l’instant un financement participatif, préférant se concentrer sur sa prochaine création.

À noter que le soutien du Parlement des Jeunes de la Ville (PJ) leur est déjà acquis. Zoé Thomann du groupe de travail communication du PJ, filmait la répétition, histoire d’informer au mieux ces représentants/ bailleurs de fonds bienvenus avec un clip sur Insta.

Interrogation

Partage permanent

Appliquant à la lettre le principe de création collective, iels font tout ensemble: rire, s’échauffer et surtout discuter de la manière de présenter leurs idées, leurs passions et de faire réfléchir les spectateurs. Le programme annonce sans ambages les «questionnements les plus féroces dans le but de retrouver ce monde perdu». N’en dévoilons pas plus, acrobaties, costumes et maquillages laissent augurer de moments forts sur scène.

Dans cette présentation, les citations ne sont volontairement pas attribuées, tant la cohésion du groupe est forte, on sent aisément qu’une info donnée est portée par les quatre complices, sinon une prompte intervention jaillit: «Bon, on va pas dire ça».

Lecture

Exemple: pourquoi Zigomatyks? «Parce qu’on aime et que dans ce métier, il faut avoir du plaisir». Fermez le ban.

Les impro sont filmées: «Cela qui permet de dire ensuite on garde ou on garde pas tel ou tel passage». L’écriture des répliques sur le plateau est privilégiée. Si une partie des scènes a été écrite en solo, tout est discuté en groupe. «La consigne était d’éviter de pondre un monologue pour son personnage, de faire intervenir les autres aussi souvent que possible».

Que dire au théâtre?

Le titre de la pièce transpire la censure. Une définition de cet interdit? «Non pas trop, c’est pas abordé directement. Disons qu’étant dans une position particulière sur scène, on doit déterminer ce qui est OK pour les gens qui nous entendent. On s’est alors demandé que dire sur scène. Tout dire?»

Concentration

«La question du bon droit nous tarabuste: quand est-on légitime devant spectatrices et spectateurs?»

Choix cornélien

Comment le répertoire a-t-il été déterminé, quelle démarche poursuit la Cie Zigomatyks? «Nous avons bien réfléchi, hésité au début à monter un classique ou du moderne existant, On a eu une méga-discussion, puis on est parti direct sur l’écriture dès octobre 22». Un pari, un défi et beaucoup de transpiration.

Travail de longue haleine

Ce premier spectacle a été soigné aux petits oignons, avec plusieurs regards extérieurs pour assurer cohérence du propos et fluidité du jeu de scène: Françoise Boillat, comédienne, metteure en scène, enseignante et coordinatrice de la formation préprofessionnelle au TPR, Sandro De Feo, acteur, metteur en scène et enseignant au TPR, ainsi que quelques amis du milieu du spectacle.

Accessoires en attente

Energie époustouflante

Lors de la répétition à laquelle 1000METRES.CH a assisté au Théâtre de la Ville, nous avons croisé Plume Ducret, une amie performeuse. Après s’être échauffée avec la compagnie sur le rap d’Orelsan l’odeur de l’essence, Plume était assise dans la salle et prodiguait encouragements et critiques avisées.
Une vaste énergie se dégage de ces préliminaires, on sent la complicité de la compagnie, son écoute attentive des suggestions, le soin apporté à chaque tournure de phrase, chaque posture corporelle.

Complicité

Les bonds sur le rap puissant sont suivis d’une discussion texte en main, l’équipe reprend les attitudes à souligner, les impressions à éviter, Plume rappelle l’importance des temps morts et suggère de tirer parti de la présence frontale.

Maquillage

Projets et aspirations

Si rien de fixe n’est encore agendé, le spectacle en gestation occupant toutes les énergies, la compagnie espère tourner sa première création. Elle a ainsi invité des directeurs de théâtres à venir les voir, croisons les doigts pour eux.

En coulisse

Au-delà, pourquoi pas tâter de l’audiovisuel, d’art vivant dans la rue. Tout reste à dire.

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ON PEUT PLUS RIEN DIRE

au Temple Allemand, les 28, 29 et 30 juin 2023,

Réservation souhaitée