NAIIAN: Le Feu, la Terre, les Mains

Artiste céramiste, NAIIAN tient atelier rue Numa-Droz où il donne également des cours aux néophytes. Cet artisan au parcours atypique nous a ouvert les portes de son domaine et de sa philosophie.

Installé depuis 2 ans à La Chaux-de-Fonds, NAIIAN a fait ses classes en région parisienne dans le plus grand internat d’Île de France, en option céramique. «C’était un peu La Cité des Enfants Perdus», se remémore l’artisan. Malgré un climat strict et rude, il apprit beaucoup de cette expérience.

Les voyages forment la poterie

Après 7 ans de formation et un Bac +2 en poche, il voyagea à travers la France en se formant auprès de plusieurs maîtres.

NAllAN au tour

C’est auprès d’un de ses mentors dans les Vosges qu’il découvrit la technique du four à bois comme on la pratique au Japon (Anagama) et en Corée (Tonggama). «On entre debout dans ce four où sont disposés des milliers de pièces sur des piliers», nous décrit le céramiste. «Comme rien ne doit se mélanger, on dispose des milliers de petites boulettes de farine bouillie et de sable réfractaires».

Une technique dispendieuse où le taux d’échec est élevé. «Je pense plus à tout ce bois brulé, souvent pour rien», nous confesse cet ami du vivant. NAIIAN sait pourtant que c’est par le sacrifice de la matière que la céramique se développe.

Des rouages au modelage

L’atelier de la Numa-Droz 66 était au départ conçu pour l’horlogerie, avant d’appartenir à un Américain du nom de Milton, déjà artiste céramiste. Pendant plusieurs décennies, Milton fut le céramiste principal de la région. A sa mort, l’atelier fut repris par une de ses élèves, Danielle Crelier.

C’est elle qui donna l’espace au jeune NAIIAN fraichement débarqué dans la région. L’atelier répond à tous les besoins de la céramique, avec son branchage triphasé, ses volumes spacieux, et ses grandes fenêtres offrant le plus de lumière naturelle possible.

Esprit de co-working

NAIIAN ne s’est pas contenté de reprendre le lieu tel quel. Grâce à des éléments de récupération, le nouveau président d’association a entièrement réagencé l’espace, permettant plusieurs postes de travail, dans un esprit de co-working. L’atelier peut aussi accueillir une dizaine d’élèves à la fois. Chaque technique a son espace dédié avec ses outils correspondants, et toutes les étagères sont soigneusement étiquetées afin de ne pas mélanger les terres.

Au rythme de la Terre

L’atelier personnel de NAIIAN abrite ses créations les plus originales, fruit de ses expérimentations avec plusieurs techniques. Citons ses œuvres à trois cuissons dans un four à émaillage qui permettent d’ajouter divers éléments décoratifs dont l’or et le lustre.
Une technique originale consiste à ajouter des boulettes de porcelaine liquide une par une avec une poire sur la surface avant la dernière cuisson.
Ces œuvres atypiques demandent une patience infinie: «C’est la terre qui dicte ton rythme, tu prends ta pause quand la terre se repose».

Boulettes de porcelaine liquide ajoutées une par une (photo: NAllAN)

Pour les pièces plus monumentales, NAIAAN favorise la vaporisation. «C’est rare d’avoir tous ces outils réunis dans un seul atelier», nous explique le céramiste.

Technique ancestrale, outils modernes

Musicien à ses heures, NAIAAN aime réunir ses passions et pousser la céramique vers de nouveaux horizons. Certaines de ses pièces sont gravées d’un QR code permettant d’écouter une de ses compositions une fois scanné. «L’idée est que le visiteur entre dans l’expo et achète l’album en même temps».
L’alliance d’une technique millénaire et de la modernité connectée.

Cocktail Molotov antique et bols cuits au four à bois

Des urnes aux marmites

Malgré ses expérimentations, NAIIAN se considère davantage comme un artisan qu’un artiste, et ses collaborations démontrent un vrai souci d’inscrire le céramiste dans la vie pratique de la région. Ces mandats variés le font passer des escape rooms en recherche de marmites aux entreprises funéraires désirant renouveler leur offre d’urnes. «C’est plus qu’un simple objet, on touche à quelque chose d’ancestral».

Aujourd’hui jeune père, NAIIAN est reconnaissant de ce que lui permet La Chaux-de-Fonds. «En France, il serait impensable de se procurer un tel espace à un prix aussi abordable. Ici, dans cette sorte d’île au milieu de la Suisse, tout est possible. Pour rien au monde je n’en dirais du mal, c’est une ville qui me correspond tout-à-fait».

Finition au chalumeau

Les cours de l’atelier sont ouverts à tous, et peuvent être suivis en groupe ou individuellement, à raison de 50 CH.- par élève pour 2h30 par session.

Pour tout autre format de cours, vous pouvez contacter NAIIAN au
078 405 85 51.

Pour toute information supplémentaire, rendez-vous sur le site de l’atelier