Une traque au dahu moderne

Grâce aux techniques actuelles, le suivi du dahu est simplifié. Notre enquête révèle sa présence à La Chaux-de-Fonds dans un endroit totalement inattendu: un préau d’école.

Le dahu, espèce éminemment jurassienne, a tendance à disparaître des radars. Abondamment cité dans les veillées des siècles durant, il fit l’objet de nombreuses controverses au Café du Commerce. Âprement discutée autrefois, sa présence est aujourd’hui négligée par les réseaux sociaux. Le dahu demeure néanmoins d’actualité.

En effet, l’animal a évolué et se pointe en des lieux exposés où il n’avait jamais été signalé. Plusieurs caméras à déclenchement automatique disposées par 1000METRES.CH en ville ont permis de documenter enfin la question irrésolue de ses habitudes urbaines.

Ainsi une femelle a été repérée en pleine ville, non loin de la bibliothèque.

Pour d’obscures raisons, une dahu s’est pointée là

As du camouflage

Le cliché ci-dessous indique l’endroit où la dahu s’est escamotée en deux nanosecondes. Par malheur, notre caméra, trop lente, n’a pas immortalisé cet instant, mais le capteur laser a notifié la présence de la bête.
En effet le détecteur ultra-rapide de la caméra a permis de localiser l‘apparition éclair de cette femelle au Centre scolaire Numa-Droz. Comme sa morphologie l’impose, elle se promenait dans un endroit pentu, le petit amphithéâtre carré situé au milieu du complexe scolaire. Évidemment, dès qu’elle a aperçu le rayon laser, elle a utilisé sa faculté caméléonesque de camouflage express. Impossible de deviner sur le cliché reproduit ici l’endroit exact, mais le laser étant dirigé vers l’est du bâtiment, nous affirmons que la future mère était au milieu de l’escalier du centre-gauche, entre la troisième et la cinquième marche.

Environnement propice

La quête n’est pas terminée, la piste est chaude. 1000METRES.CH pense installer sur un drone furtif des jumelles de vision nocturne en liaison permanente avec un téléphone portable ultra-performant afin d’obtenir des images.

De l’habitat dahutesque

Une abondante littérature scientifique atteste de dahus peuplant forêts, bocages et autres pâturages boisés pentus. De nature timide, ce quadrupède à équilibre contrarié disparaît dès qu’il se sait observé. Discret, il est génétiquement prédisposé à la circonspection, au tact et à la pudeur.
Son sixième sens de télépathie parasympathique lui permet se dissimuler instantanément; on l’aura compris, sa traque est extrêmement complexe.

Présumée limité à l’Europe méridionale, sa répartition a fait un bond énorme l’an dernier, lorsqu’un un sherpa a spotté des traces de dahutus montanus variabilis sur les pentes du K2 dans le Karakoram pakistanais, à plus de 5000 mètre d’altitude. Le dahu a donc essaimé jusqu’en Asie.

Un mammifère rare

Les zootechnicien·nes spécialisé·es sont partagés quand à la reproduction du dahu. Si certains n’y voient qu’un banal mammifère canidé, des recherches australiennes plus pointues ont formulé l’hypothèse la plus vraisemblable: le dahu serait le seul monotrème peuplant l’hémisphère nord.
Rappel: l’ordre des monotrèmes est un sous-genre de mammifères qui pond des œufs. Une fois éclos, le petit dahu tête sa mère pourvue de mamelles. D’après les dahutologues d’outre-équateur, la taille de la couvée varie entre 1 et 3 œufs, qui sont tenus au chaud alternativement par la mère et le père durant 28 jours .

Une famille dahu va-t-elle nicher ici?

Origines européennes attestées

Le couple repéré dans les marais environnant de Sydney a sans doute été placé par des activistes écolos dans un conteneur de montres de luxe (méthode dite de Carlos Ghosn, grand précurseur du transport en boîte anonyme). Dissimulés dans une caisse dont le modèle est bien connu chez nous , le couple a survécu.

Caisson de transport à dahu

Favorable à la durabilité sociale

Passons à l’impact du dahu sur l’humanité. Selon l’expert chauxois mondialement connu Marcel S. Jacquat, membre honoraire de la Commission internationale de recherche et de sauvegarde la mémoire du dahu, l’utilité sociale de cette espèce ne fait pas l’ombre d’un doute: «Il permet de remettre à sa juste place le vantard, d’intégrer le nouveau venu ou, dans les campagnes françaises, de se moquer du Parisien omniscient». (Le dahu, 1995, page 21)

Les plus anciens des internautes le savent, la chasse au dahu est une tradition bien ancrée.

Battue classique, elle implique une groupe de rabatteurs, des meneurs de chiens à dahu ainsi que plusieurs guetteurs. Le personnage essentiel doit précipiter le dahu dans un sac, où la bête meurt rapidement faute d’oxygène. Cela évite de l’abattre au fusil et de gâcher ses précieux poils très appréciés des peintres du monde entier qui le préfèrent à celui de la martre.
Le dahu représente en outre une attraction touristique majeure des Alpes françaises.

Capacité cellulaire augmentée

Comment le dahu a-t-il colonisé l’imaginaire des populations de l’Ouest européen et parfois le cerveau des conservateurs des musées d’histoire naturelle? Les cinéphiles se souviennent du film de Joe Dante «L’Aventure intérieure» (1987, produit par Steven Spielberg) où un sous-marin miniaturisé dirigé par un humain réduit à taille atomique est injecté dans le corps d’un lapin, histoire de percer les secrets de son organisme.

Ayant suivi de près les progrès de la science, un clan de dahus jurassiens membres de la Lanterne Magique maîtrise cette technique sophistiquée de rapetissement. Pour ce faire, ils ont dévoré des rats transgéniques. Le clan dahu a piégé les rats lorsqu’un duo de militantes anti-OGM les ont libéré du labo où ils étaient génétiquement modifiés.
De manière étonnante (quoique rien n’est vraiment étonnant pour le dahu), l’animal taquin a trouvé de la sorte moyen de pénétrer, une fois miniaturisé, l’organisme humain par l’oreille.

Ainsi depuis quelques décennies, des dahus se promènent dans les circonvolutions cérébrales de certains hominidés. Ayant peur de ressortir, ils trottent obstinément dans la tête de quelques zoologues qui se transforment à leur insu petit à petit en dahutologues.

Disparition incertaine

Le dahu est-il menacé par le dérèglement climatique? Son extinction semble improbable bien que sa morphologie montagnarde le pousse sur les hauteurs. En effet, deux biologistes égyptiennes attentives ont relevé des déjections de dahus le long de l’estuaire du Nil, ce qui oriente vers une adaptation aux milieux aquatiques.

Pour mieux appréhender l’étrange créature, 1000MTRES.CH a suivi des dizaines de liens et compulsé de nombreux ouvrages. Le plus sérieux a été édité chez nous (le Dahu, éditions la Girafe, MHN, ISBN 2-88423-021-1).
Cette monographie de 1995 porte haut l’étendard dahutien et étaye scientifiquement le savoir traditionnel.

Ce site va perpétuer cette école et poursuivre sur la Toile l’étude du phénomène.
D’ailleurs, tous nos ancêtres femelles et mâles le répètent depuis que le dahu est apparu: il ne faut pas négliger le passé!

Photos: sophiestieger.ch

Dahu voyageant incognito