Les sept âmes de La Demoiselle des Six Pompes

Lieu de travail surprenant, La Demoiselle réunit à La Chaux-de-Fonds sept créateur·ice·s. Visite et auscultation de leur démarche avant une expo à deux facettes du 19.10 au 11.11.

Vous connaissiez La Demoiselle rue Numa-Droz 2? Tout évolue, le collectif a déménagé à la Promenade des Six pompes 4. Il s’est transformé en association De nouveaux partenaires se sont joint à l’aventure.
Pour vous plonger dans l’univers de sept concepteur·ice·s fécondes, tentez une visite au site foisonnant, plein d’infos, artistiques, biographiques ou techniques. Les visuels sont alléchants, laissez-vous charmer par les travaux uniques de ces praticien·nes.

Ensemble quoique indépendant·es

Ici passion se conjugue avec créativité. Il règne un éclectisme de bon aloi en termes de savoir-faire et de de métiers d’art. On trouve là trois bijoutières, une graveuse, deux créateur·ice·s de vêtements ainsi qu’une photographe-graphiste.

Intérieur de la boutique

Diversité de bon aloi

Impossible de présenter chacun·e de ces sept âmes, cliquez pour accéder aux pépites de ces as, leur bio et les visuels de leur production:

AMMA MIA, duo des sœurs Lea et Vania Schumacher, conceptrices d’une marque de vêtement d’allaitement

Amandine Bettinelli, graveuse main, formatrice à l’École d’arts appliqués

Capucine Jewelry, bijoutière, adore les collaborations transversales

Nadia Gagnebin, photographe-graphiste, adepte des photogrammes

Noémie Lagger, bijoutière, crée, transforme et répare

L’ORNEMENTALISTE, designer – bijoutière, parures sublimant la nature

XPERSONNES, Célien Favre, Lucie Favre, Salomé Guyot, Mona Schneider un studio créatif autour du vêtement.

À déguster sans modération…

Instant propice

Si l’image globale de La Demoiselle peut paraître floue au premier abord, cela reflète la volonté de garder chacun·e s sa marque, sa spécificité.

Cette différenciation n’a rien d’individualiste. Si l’équipe bosse au même endroit, c’est pour mettre en commun ressources et réseaux, pas juste une machine à café. Dès le départ, le partage a été axé sur les efforts de diffusion et de communication ainsi que la recherche de fonds afin de faire vivre les locaux et les développer.

Deux établis sous alcôve voutée

Une des fondatrices résume: «Il se trouve que nous avons eu les mêmes envies au même moment!»

Partage des idéaux

Quelles valeurs unissent cet équipage? D’abord une certitude: il faut valoriser les métiers d’art et les circuits courts, afin de les intégrer au tissu économique régional en privilégiant le commerce local.
Commentaire d’une nouvelle arrivée à La Demoiselle: «À La Chaux-de-Fonds, il y a une école d’art formant des gens qui ensuite n’ont pas vraiment le choix: on va travailler pour l’horlogerie ou partir».

Question production, il s’agit d’encourager la durabilité en utilisant des matériaux recyclés ou recyclables, d’utiliser les ressources artisanales ou artistiques disponible à proximité pour fabriquer bijoux, ornements, vêtements ou cartes et photos grand format.

Fournitures locales si possible

Des exemples? Les bijoutières se fournissent en or chez un commerçant garantissant la traçabilité du métal. Les vêtements sont cousus en Suisse. Des boucles d’oreilles sont réalisées à partir de limaille d’argent recueillie dans la peau de l’établi. Cartes et grand formats sont tirés chez un imprimeur de la ville.

Dans le même esprit, le déménagement a été planifié et effectué avec des gens du cru (et beaucoup de copains). Les meubles de la nouvelle échoppe ont été dessinés par La Demoiselle puis commandé à deux artisans d’ici, Robin Lopez (métal) et Matthieu Gloor (bois).

La devanture avec vue sur marronnier

Pays de loup

Le déménagement de mars 2023 a été mémorable «Il neigeait terriblement et il a fallu vider le grenier de 8 ans de vieux chenit accumulé, l’horreur» (rires).

Les participant·es se souviennent aussi des deux mois où ielles ont peint, poncé, aménagé les nouveaux locaux. Du boulot intensif 3-4 jours par semaine. «Depuis le début à La Demoiselle, nous faisons le plus de trucs possibles par nous-mêmes», précise Noémie. Outre l’investissement en temps consenti par les membres, une partie des frais a été couvert par une contribution d’EcoProx, programme cantonal d’aide aux initiatives boostant la vie locale.

Contribuer à la vie culturelle

Outre le développement de la vie artisanale et artistique, La Demoiselle a un objectif: s’ouvrir sur l’extérieur. Ainsi la boutique se transforme épisodiquement en galerie pour mettre en valeur les créations d’artistes régionaux et nationaux.

Extra pour l’ambiance, l’ancêtre de la boule à facettes

Les locaux accueillent des expositions comme celle de Jean-Guy Paratte et Ange Violent vernie jeudi soir 19 octobre dès 17h30.
Des artistes que La Demoiselle apprécie, leurs œuvres tissant un lien entre deux univers et deux générations.

Flashback

Collectif informel, La Demoiselle est née en 2015. Logée d’abord au n° 2 de la rue Numa-Droz, dans un immeuble début XXe siècle. Cette arcade, comme disent les Genevois, abritait avant un brocanteur dans un joyeux capharnaüm, on apercevait une forge en vitrine.

Pourquoi La Demoiselle?

Le nom du collectif a été choisi en fonction de l’emplacement: la rue s’appelait rue de la Demoiselle avant que le radical et graveur Numa Droz supplante la belle de son aura fédérale.
Un charmant ouvrage de la série L’Europe illustrée cite cette rue en pages 12 et 16. Sur la façade du n° 2 on pouvait admirer un volet orné du portrait de ladite Demoiselle. La rumeur veut qu’elle ait accepté de poser à condition qu’aucun débit d’alcool ne soit autorisé sur la rue portant ce nom. Cela expliquerait l’absence de troquets le long de la plus longue artère de La Chaux-de-Fonds.

Une bourgeoise adepte de la tempérance

Ce volet se trouve dans les collections du Musée d’histoire.

Développement en zigzag

Ce collectif cultive la géométrie variable: au cours des ans, il a passé de 5 partenaires à 4 puis 7 aujourd’hui. Il est ouvert aux personnes qui pratiquent un métier d’art ou d’artisanat et dont le lieu de travail est à la Demoiselle. Actuellement les postes de travail sont tous occupés.

Deux établis contigus

Réunis depuis l’an dernier en association, les membres se voient une fois par mois pour discuter des permanences– ne pas tenir la boutique toute la semaine est un des avantages de cette formule – , des améliorations au site, des affaires courantes et de l’avenir.

Synergies pratiques

La démarche des créateur·ice·s est soudée par les synergies qui naissent spontanément. Ainsi, lorsqu’une collection sort, toute la Demoiselle met la main à la pâte pour l’accueil et donne son avis sur les stories avant de les publier. La mobilisation pour soutenir les autres est primordiale Promenade des Six Pompes.

En amont, le processus créatif profite de la présence d’autres regards en mode «qu’est-ce que tu en penses?». Conseils et avis fusent, les créations s’affinent.

Motivation et …

Pourquoi devient-on membre de La Demoiselle? Ne plus avoir envie de bosser seule a été le déclencheur n°1 pour Océane qui en avait sec et marre de travailler dans l’industrie: «Ici, je me sens soutenue par la passion des autres pour leur métier».

Le laminoir commun

Pour Léa, «exercer mon métier sans les contraintes incessantes du commercial» est essentiel. Noémie se rappelle: «Même si début on se connaissait peu, ça s’est bien passé. Ici, on se sent en sécurité, pas de risque de se faire enguirlander pour on ne sait quoi».

dynamique bienveillante

Ainsi bienveillance envers les autres et soi-même est le pendant immatériel de l’attention au savoir-faire et à l’amour du métier qui dynamise de ce collectif.
Lequel, en fin de compte, entretient la noble ambition de changer la manière de consommer des produits de masse.

Ateliers à moindre coûts

Cette gente mademoiselle rassemble sous un même toit les ateliers de chacun·e, la boutique où sont exposés les créations et des locaux communs pour pause-café ou séances de remue-méninges. Situé à proximité un second atelier compte deux postes de travail ainsi qu’un espace destiné à un·e futur·e stagiaire libre, friand·e de découvertes.

Présentoir et meubles déplaçables

Le plus: chaque membre étant locataire de l’association, ce partage des lieux permet d’occuper une surface réduite pour un loyer abordable, sans devoir signer un bail commercial hors de prix.
On partage aussi réseaux et fichiers clients. Cela permet d’envoyer une lettre d’information de temps à autre, suivant l’actualité fluctuante de la Demoiselle.

Lorsqu’on passe un chouette moment sur place, l’absence de stress frappe; cela ne sent pas le burn-out comme dans certaines bureaux de créatifs sous pression 24h sur 24h.

Acheter et payer

Pratique, La Demoiselle accepte cartes et cash, bientôt la carte Abeille, et pas de Twint. Les ventes sont centralisées puis les gains répartis sans pourcentage pour l’association.

Notons que les heures de permanence à la boutique ne sont pas rémunérées et que touxtes ces indépendant·es exercent ailleurs leurs talents à temps partiel pour faire bouillir la marmite, les unes salarié·es ,d’autres sous mandat.

Peu de mecs

Face à trois créatrices, le reporter a demandé pourquoi il y a si peu de mecs dans cette entité artistico-commerciale?

«Ce n’est pas une volonté féministe», affirme Noémie. «Ça s’est donné ainsi. On se regroupe de sorte qu’on ne se sente plus exclues du monde du travail». Léa analyse: «Peut-être que les femmes ont une énergie différente, on ose aller ensemble de l’avant».

Ensuite: se brancher proximité

Reste à se positionner sur la place. Entourée de petits commerces appliquant des démarches semblables, La Demoiselle veut développer l’animation de ce coin de quartier entre la Place du Marché et la Place du Bois. Inviter les voisins, partager de bons moments, favoriser le rapprochement, tout un programme.

La Demoiselle entre la Septième Pompe et El Verano (à dr.)

Souhaitons à la nouvelle venue de faire monter l’ambiance d’un cran voire mieux.

Horaire:

mardi           11h-18h

mercredi     11h-18h

jeudi             11h-18h

vendredi     11h-18h

samedi        10h-14h

La Demoiselle
Promenade des Six-Pompes 4
2300 La Chaux-de-Fonds

+41 77 453 14 28

P.S. Bon à savoir: si vous tapez lademoiselle.ch sans tiret, vous tombez sur une vieille barque à voile latine du Léman ⛵.