Objets volants pour tout le monde

Répondant à un double besoin d’intégration et de durabilité, Sombaille Jeunesse tient à La Chaux-de-Fonds une objetothèque de bidules à louer. Bon pour le lien social et la nature.

Vous avez besoin d’une tondeuse, d’une remorque, d’une ponceuse, voire d’une friteuse? D’une boule à facette, d’une machine à pain, à coudre ou à barbe à papa? L’Objet volant vous prête: matériel de sport, de camping, de cuisine, de jardinage et de construction. En stock, plus de 150 bidules sont disponibles au catalogue.

Semer des graines ou nettoyer sous pression

S’inscrire ou aller sur place

Bien sûr, ils sont modernes à l’Objet volant, il faut donc commencer par créer un compte à l’écran. Vous recevez une confirmation par courriel puis payez la cotisation annuelle de 40.- francs par voie électronique. Et c’est parti pour réserver sur le site le truc qu’il vous faut pour réparer, camper ou cuisiner.

Si vous n’être pas connecté, aucun soucis: prenez rendez-vous par téléphone et allez sur place, rue du Parc 120, la maison vaut le déplacement: on vous fera toutes les démarches sur place. Mieux, on peut payer en cash la coti!

Entrée côté jardin

L’Objet volant est situé au sous-sol de la maison de maître qu’occupait autrefois les pensionnaires du foyer Jeanne-Antide, fermé suite à une réorganisation cantonale de l’accompagnement pour enfants et adolescents. Rappel: en janvier 2018, le canton a décidé, entre autres, de ne plus financer 23 places pour les jeunes gens de 16-18 ans à la Maison des Jeunes. La Fondation a dû en urgence rediriger ses forces.

Double fonction

Issu de cette tourmente, l’Objet volant a deux fonctions: d’une part, assurer un service à la population en tirant parti de «l’énergie circulaire», une manière durable d’utiliser plus des bidules très utiles, dont on a guère besoin au quotidien. D’autre part, cela crée un lien avec la cité, pour montrer que les jeunes qui œuvrent à Objet volant, malgré leurs difficultés, contribuent aussi au bien-être général.

Service convivial

Si vous êtes vraiment pas branché numérique ou définitivement allergique aux écrans et désirez savoir si l’objet désiré vole déjà ou s’il vous attend pour décoller, vous pouvez aussi téléphoner.

Autocuiseur et extracteur de jus

Aux manettes, on trouve Peggy Pagni, qui a commencé à travailler au sein de la Fondation Sombaille-Jeanne Antide début 2014 dans l’atelier technique de préformation. Puis elle a progressé dans sa carrière, devenant responsable de la préformation et du job coaching. «À cette époque, voyant que le secteur formation grandissait, la Fondation a créé un poste de direction du secteur formation; j’ai postulé et cela fait maintenant trois ans que je suis directrice pédagogique».
Son secteur regroupe le Café des Jardins, les jeunes en orientation professionnelle, les formations pratiques données par les maîtres socio-professionnels du service technique. S’y ajoute le suivi des jeunes en apprentissage (job-coaching), ainsi qu’Objet volant.
En tout, sous sa houlette, une quinzaine de collaboratrices et collaborateurs encadrent une trentaine de jeunes entre 15 et 23 ans.

Jardinage et bricolage

Réinsertion progressive

David Bassin est la cheville ouvrière de cette objetothèque. Il travaille depuis 2018 au service de la Fondation. Assistant social, il a œuvré comme responsable de la Maison des Jeunes. Puis vu l’évolution de la l’accueil voulue par les autorités cantonales, il a cherché à valoriser la maison de la rue du Parc.

David Bassin se souvient: «La Manivelle à Genève a été la première objetothèques en Suisse, un copain y travaillait, je suis allé le voir. Puis, j’en ai parlé avec Peggy, elle a trouvé l’idée extra. C’est ainsi que le projet a été mis sur les rails». En outre, cela lui a permis de maintenir son emploi au sein de la Fondation après la fermeture abrupte de la Maison des Jeunes.
Au fur et à mesure de l’élaboration, le duo s’est inspiré d’autres objetothèques, en y ajoutant l’aspect réinsertion, assurant par là un financement partiel de l’AI.

 

Modeste aperçu du stock

Voler de ses propres ailes

Il faut savoir que pour encourager les jeunes ayant des problèmes de santé physique ou psychique, l’AI (Assurance Invalidité) soutient des institutions comme la Fondation Sombaille Jeunesse-Jeanne Antide. Ces organisations encadrent celles et ceux qui ont besoin de soutien en fournissant des conseils, une coordination et un milieu adéquat. Dans l’espoir que chacun∙e trouve, si possible, un chemin dans le monde du travail. Afin d’éviter qu’ils deviennent rentiers AI dès leur arrivée à l’âge adulte.

Une ponceuse parmi d’autres

Sans cadences effrénées

Ce type de mesure de réinsertion modulaire destinées aux mineur∙es existe depuis l’entrée en vigueur de la dernière révision de l’ AI en janvier 2022. Il s’agit d’intégrer à nouveau des personnes peu en phase – pour toutes sortes de raisons – avec le monde du travail; autrement dit, leur laisser le temps de s’approprier ou de récupérer des mécanismes et des habitudes utiles dans le monde professionnel (ponctualité, propreté, entregent, etc.). En clair, trouver un rythme calme et acquérir petit à petit des compétences, en toute cordialité.

Pour après-midis pluvieux

Vertus du temps partiel

Depuis quelques années, l’AI finance des mesures d’orientation ou de formation pour jeunes en difficulté. Or, elles impliquent d’être présent sur le lieu de travail à plein temps ou au minimum à 80%. «Pour certain∙es, il n’est pas possible d’être actifs à 100%», souligne Peggy Pagni. «L’AI a pris conscience que lorsqu’on a eu un ennui de santé, il faut reprendre une activité petit à petit. On peut désormais commencer à 20%, l’équivalent d’une journée par semaine».
Cet accompagnement peut durer au maximum un an.

Si l’hiver est enneigé

Résultat positif en 2022

Après dix mois de fonctionnement, le bilan du lieu est solide: les mesures de (ré)insertion souhaitées par l’AI répondent aux besoins et le côté prêt de matériel a le vent en poupe: «Nous avons 50 membres actifs qui empruntent à l’heure actuelle, plus environ 80 membres de soutien», précise David Bassin.

Quels sont les objets-phares? La remorque et les cartons de déménagements (une cinquantaine à disposition) sont très demandés. En général, les jours de beau temps l’été, l’affluence est nettement plus grande.

Objet de convoitise

Signalons que l’Objet volant ne fait pas concurrence à d’autres loueurs. Il répond aux besoins très diversifié des utilisateurs, mais surtout il offre un endroit protégé où s’habituer à travailler sans la pression d’impératifs de production.

Pratique et convivial

SVP donnez ou prêtez

Appel aux internautes: faites bon usage de cette collection d’objets. Et dites ce que vous souhaiteriez y trouver en écrivant à objetvolant@sombaille.ch. Idéalement, il faudrait ajouter au catalogue du matériel de sonorisation, de jardin ou de camping.

L’objectif, répétons-le, étant d’encourager la coopération, le partage et l’entraide avant tout. Et accessoirement de faire circuler des ustensiles qui dormiront sans cela encore longtemps au fond d’un garage ou d’une chambre-haute.

Horaires

                               Matin           Après-midi

Lundi                     Sur RDV        13.30-17.00

Mardi                    Sur RDV        Sur RDV

Mercredi              Sur RDV        13.30-17.00

Jeudi                     Sur RDV        Sur RDV

Vendredi              Sur RDV        13.30-16.00

Pour prendre rendez-vous: 032 967 71 40

Soutenu par exemple par Landi et Makita qui ont offert du matériel, l’Objet volant a pourtant besoin de dons, en liquide ou en nature. Soulignons que l’on peut donner un objet ou le prêter.

N.B. On trouve sur le site de l’Objet volant, des liens sur 22 autres lieux de Suisse qui prêtent des objets de manière semblable, comme la Trucothèque à Neuchâtel.

Photos: Sophie Stieger

Entretien avec les deux responsables: Emeline Fichot

Un logo parlant